Le metteur en scène de cinéma et de théâtre allemand Werner Schroeter, à qui l'on doit La mort de Maria Malibran ou Nuit de chien, est décédé d'un cancer dans la nuit de lundi à mardi à Kassel, a annoncé mardi le Schwules Museum de Berlin.

Werner Schroeter est mort dans une clinique de Kassel, a indiqué à l'AFP Sibylle Koch, directrice des expositions au Schwules Museum, le musée gai de Berlin qui consacre actuellement un hommage au metteur en scène qui avait fêté ses 65 ans le 7 avril.

Il est mort dans un centre de convalescence où il récupérait après une opération, a précisé la porte-parole du musée, Anne Jung.

Toujours coiffé d'un chapeau noir en public, le metteur en scène au visage émacié fait partie des grands réalisateurs du Nouveau cinéma allemand à l'instar de Rainer Werner Fassbinder, Werner Herzog ou Wim Wenders.

L'avant-dernière de ses multiples récompenses remonte à février quand il avait obtenu au festival du film de Berlin, la Berlinale, le Teddy Award, un trophée qui récompense des films évoquant l'homosexualité au cinéma.

Depuis mars, sa mise en scène de Quai Ouest du Français Bernard-Marie Koltès est à l'affiche au théâtre de la Volksbühne à Berlin.

Ce maître du mélo laisse derrière lui plus de 80 mises en scène de théâtre et d'opéra, souvent controversées, et une trentaine de films dont Nuit de chien (présenté en compétition à la Mostra de Venise en 2008), Malina (1990) avec l'actrice française Isabelle Huppert, La mort de Maria Malibran (1971, qui retrace les derniers jours de la cantatrice), Palermo (Ours d'or de la Berlinale en 1980).

En 1969, il avait obtenu le prix allemand Josef-von-Sternberg pour son premier long métrage Eika Katappa, qu'il avait présenté au Festival de Cannes en 1970.

Werner Schroeter, après avoir rencontré en 1973 à Paris la cantatrice Maria Callas qu'il considérait comme «une messagère entre Dieu et l'Homme» qui lui avait «tout appris», a réalisé diverses mises en scène d'opéras en Allemagne mais aussi à l'étranger, en France, au Brésil et en Italie notamment.

«C'était un grand artiste dans toute l'acception du mot, car il a fait du cinéma, du théâtre et de l'opéra», a estimé le Portugais Paulo Branco, producteur de son dernier film Nuit de chien, tourné au Portugal.

«C'était quelqu'un qui incarnait la recherche systématique du beau en prenant un risque artistique permanent. Fassbinder lui-même disait qu'il était peut-être le meilleur d'entre eux», a-t-il ajouté, interrogé par l'AFP.

Ce fils d'ingénieur, né le 7 avril 1945 à Georgenthal en Thuringe, avait interrompu rapidement ses études de psychologie pour se vouer entièrement à la mise en scène.