Comment perçoit-on le corps dans l’art? Pour répondre à cette – vaste – question, Bernar Hébert et Renée-Claude Riendeau proposent, dans Offre-moi ton corps, une réflexion articulée autour du processus de création de dix photographes d’aujourd’hui: un film de nu, ni cul ni cul-cul.


Peinture, danse, musique: ce n’est pas la première fois que le duo formé par Bernar Hébert et Renée-Claude Riendeau se frotte au monde de l’art. C’est d’ailleurs au cours du tournage d’Esquisses du nouveau monde, leur documentaire consacré au peintre Stanley Cosgrove, que les producteurs et réalisateurs se sont intéressés au modèle et au nu.


«Cela a soulevé beaucoup de questions sur le corps dans la vie de tous les jours », se souvient Bernar Hébert. Du nu artistique au nu publicitaire (notre nu contemporain), le corps en a vu de toutes les couleurs au cours des dernières décennies et devient, sous le cliché de certains photographes, «véhicule d’émotion et transfert d’idées».


On découvre ainsi la photographe israélo-américaine Elinor Carucci qui tient, à partir des mutations de son corps, un carnet intime et visuel: elle photographie son intimité, celle de sa famille, de ses enfants dans un rapport franc aux corps. On retrouve aussi Jeff Bark, qui, en réaction à ses années dans la mode, se laisse attirer par les aspérités et particularités des corps imparfaits.


Si les femmes tendent de plus en plus à ressembler à des poupées parfaites sur les photos, des êtres de silicone tendent aussi à jouer le rôle d’une femme. Le projet photographique d’Elena Dorfman Still Lovers n’a pas échappé à la vigilance des réalisateurs qui admettent toutefois avoir ressenti un certain malaise en découvrant les photos autour des relations entre des hommes et des poupées Real Doll.


«On a passé trois semaines à se questionner avant de nous dire: il faut rencontrer la photographe», dit Bernar Hébert. Les deux réalisateurs rencontrent Elena Dorfman qui accepte d’être suivie dans une série de photos. Et l’équipe de partir tourner en Angleterre, chez un homme vivant avec cinq poupées.


«C’est carrément étonnant: à l’étage, les cinq poupées étaient réunies comme si elles nous attendaient, dit-il. Il nous a donné des anecdotes sur elles. Tourner avec lui nous a finalement permis de faire une incursion dans la capacité humaine à concevoir des compagnes qui comblent un vide immense.»


Finalement, Offre-moi ton corps fait vraiment une incursion dans le processus de création de ses photographes et leurs rapports à leurs modèles. «Renée-Claude et moi sommes passionnés de création. Le documentaire nous donne la possibilité de montrer d’un point de vue intéressant comment une oeuvre d’art se fait. Le documentaire devient aussi un outil qui permet d’illustrer la force de la démarche», croit Bernar Hébert.

Offre-moi ton corps prend l’affiche au cinéma du Parc et sera ensuite diffusé sur ARTV.