Le nouveau président de la SODEC, François Macerola, souhaite créer «un fonds, de nature plus commerciale, qui financerait des films qui ont des chances plus importantes au box-office», a-t-il déclaré hier en entrevue à La Presse.

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Déjà attaqué par 80 cinéastes, qui ont lancé une pétition pour défendre le cinéma d'auteur, François Macerola jure du même souffle ne pas vouloir pénaliser les «films plus intimistes». «Je veux que les deux types de cinéma se fassent et qu'ils soient financés adéquatement», dit-il.

Le président de la SODEC veut, par contre, réformer - aux côtés des réalisateurs et des producteurs - le mode de sélection des films par la SODEC.

«Je veux le même carré de sable mais avec des secteurs différents, dans lequel les pelles seraient de tailles différentes, dit-il de façon imagée. Pour moi, c'est plus important d'avoir des outils différents adaptés à tous les genres de films plutôt qu'un seul outil que tout le monde doit utiliser.»

Le fonds réservé aux projets de nature commerciale pourrait se maintenir si la SODEC obtient de nouveaux fonds, a ajouté son président. M. Macerola précise toutefois que «nous ne sommes pas dans une période de prospérité financière et on ne peut pas espérer que le gouvernement injecte de l'argent».

Dans un communiqué adressé à la presse hier, le regroupement de réalisateurs, parmi lesquels se trouvent Bernard Émond, Xavier Dolan, Catherine Martin ou Sylvie Groulx, se disait rassuré par les propos de M. Macerola, qui a rappelé qu'il ne souhaitait pas créer d'enveloppe à la performance à la SODEC. «Une première bonne nouvelle», peut-on lire dans le communiqué.

«Je n'ai aucunement l'idée de mettre ce système à la SODEC», dit François Macerola, qui a été président de Téléfilm Canada lors de la création des enveloppes à la performance. «Je pense que l'enveloppe, à l'époque, n'était pas nécessairement mauvaise», croit-il toutefois.

Christine St-Pierre

À l'Assemblée nationale hier, la ministre Christine St-Pierre, interpellée sur le sujet, a elle aussi réaffirmé son soutien à M. Macerola. «Je suis convaincue qu'il ne fera rien pour nuire à nos cinéastes québécois, a-t-elle dit. La SODEC accompagne les cinéastes québécois et elle va continuer à les accompagner.»

La pétition s'interroge également sur la hausse des coûts de production des films québécois, qualifiée «d'astronomique», et sur le fait que M. Macerola impute cette augmentation aux coûts de la main-d'oeuvre et à la complexité des scénarios des films québécois.

«Veut-on se limiter à un cinéma avec deux personnages et un seul lieu de tournage comme à la télé? Je ne pense pas», demande-t-il, sans écarter non plus la possibilité de commander une «étude concrète» sur le sujet.

La conférence de presse prévue initialement lundi matin par les réalisateurs a été annulée, mais la pétition peut se lire en ligne (www.petitionspot.com/petitions/atoutprendre).

François Macerola se dit quant à lui ouvert à la discussion. «Que l'on dise que je suis à droite ou à gauche, pour le cinéma d'auteur ou le cinéma commercial, j'ai toujours démontré mon ouverture à discuter», dit-il.

- Avec la collaboration de Tommy Chouinard