Le tournage du long métrage Lance et compte: le film tire à sa fin. Vendredi dernier, la production a invité les médias à la Cité du cinéma pour rencontrer les nouvelles recrues et les vieux routiers de la «famille» Lance et compte, née il y a 25 ans.

«Si j'ai un ami du Burkina Faso qui débarque à Montréal en décembre et veut aller au cinéma, il faut qu'il soit capable de saisir l'histoire, qu'il rie, qu'il pleure, qu'il ait peur et encourage l'équipe. Quant aux fans, je veux qu'ils reconnaissent les personnages avec une histoire qui va les passionner», a lancé Réjean Tremblay, «père» de Lance et compte.

Pas question de se mettre la tête dans le sable: tragédie il y aura dans le film inspiré de la populaire série télé. Un accident d'autobus, pour tout dire, qui décimera l'équipe du National.

Les fans perdront des êtres chers, ça, c'est certain. Bonne nouvelle: le jour de notre passage, les Carl Marotte, Marc Messier, Marina Orsini, Éric Hoziel et Michel Forget étaient là en chair et en os. À moins que Réjean Tremblay se soit laissé tenter par les histoires de fantômes, Pierre Lambert, Marc Gagnon, Suzie Lambert, Mac Templeton et Gilles Guilbault sont encore de ce monde.

Mais ne nous aventurons pas à répertorier les absents.

L'auteur affirme que cette décision de «tuer» des personnages qui sont là depuis les débuts de la série a été accompagnée d'un deuil. «À un moment donné, il faut que tu «pognes» le téléphone et que tu annonces à quelqu'un avec qui tu travailles depuis 25 ans que son personnage meurt. Et comme l'accident arrive après 10 minutes, certains d'entre eux sont présents dans les premières minutes du film. J'en ai vu pleurer dans leur loge un quart d'heure avant d'aller tourner.»

Au fait, cher collègue, qu'est-ce que ça apporte à un journaliste de faire de la fiction? «Penses-tu qu'en lisant les journaux, les gens savent ce qui se passe dans un club de hockey? Quand Guy Carbonneau a été congédié, on a eu droit aux phrases correctes. Il ne faut pas avoir écrit 1000 heures de fiction pour comprendre que ça ne se pouvait pas. Ce que le journalisme apporte, c'est la recherche et une base pour rêver.»

Une «grosse affaire»

Frédérik D'Amours (À vos marques... party!), avait un budget de 5 millions pour réaliser cette «grosse affaire» qui a demandé 30 jours de tournage. «Lance et compte, c'est une dynastie. La pression était énorme de transposer en film la première série d'envergure du Québec», affirme le réalisateur originaire de Québec, qui était parmi la foule du Colisée lors de la première année de Lance et compte en 1985.

«Je regardais les techniciens et les autres personnes dans l'industrie et je me disais que c'était ça que je voulais faire dans la vie.»

Pour donner un aspect «épique» à la facture visuelle de Lance et compte: le film, Frédéric D'Amours a quelque peu délaissé le tournage «caméra à épaule» pour opter pour des plans en mouvement. «Il ne fallait pas se disperser en multipliant les intrigues parallèles. L'important était de mettre l'accent sur le drame et de se concentrer sur certains éléments narratifs», précise le réalisateur.

Une chose est certaine, c'est qu'en revêtant l'uniforme du National pour la première fois, il y a 25 ans, Carl Marotte ne soupçonnait guère qu'il jouerait encore Pierre Lambert en 2010. «On s'attendait à faire une série d'un ou deux ans maximum. La raison pour laquelle la série a continué si longtemps, c'est parce que les gens y croient et qu'ils sont attachés à ces personnages.»

Le jour de l'ouverture du plateau aux médias montréalais, le fameux personnage du «Chat» prenait part à une scène où il devait expliquer à un des joueurs du National qu'il allait être échangé. Lambert, tout comme dans la série télé, est agent de joueurs au début du long métrage. Mais après? «Peut-être que je suis un fantôme, je ne sais pas, on verra. C'est du Réjean, donc tout est permis.»