Il est délicat d'appeler les Français à se serrer la ceinture alors que des personnes proches de membres influents du gouvernement «s'exilent» vers des pays plus cléments pour payer moins d'impôt.

Le ministre du Budget, François Baroin, récemment nommé, l'a appris à ses dépens la semaine dernière lorsque le Canard enchaîné a révélé que sa conjointe était domiciliée fiscalement à Las Vegas depuis plusieurs années.

Michèle Laroque, qui est comédienne, a expliqué à l'hebdomadaire satirique que sa décision s'explique par le fait qu'elle vit là-bas plus de six mois par année et y travaille plus souvent qu'en France.

Elle a précisé que la situation s'était inversée récemment et l'amènerait à se déclarer résidante fiscale de la France dans sa prochaine déclaration, prévue pour la fin du mois. Mme Laroque a assuré que sa décision n'avait rien à voir avec la nomination de son conjoint au poste de ministre.

Le député socialiste René Dosière a parallèlement demandé la semaine dernière au ministre du Budget de lui apporter des précisions sur la situation fiscale du chanteur Johnny Hallyday, ami du président Nicolas Sarkozy.

La vedette avait fait grand bruit il y a quelques années en décidant de devenir résidant de la Suisse, où le régime fiscal est nettement plus avantageux qu'en France.

M. Dosière, qui n'a pas encore reçu de réponse du gouvernement, veut savoir si le cachet qu'a perçu le chanteur pour son numéro au spectacle du 14 juillet 2009 à Paris est imposable dans l'Hexagone.

Il serait «regrettable», a-t-il précisé, que ce cachet, payé par l'État «à même les impôts des Français», ait été attribué à un «exilé fiscal».

Gel des dépenses

La polémique survient dans une période particulièrement délicate puisque le gouvernement vient d'annoncer son intention de geler les dépenses publiques pour trois ans.

L'objectif, a précisé le premier ministre François Fillon, est de ramener le déficit à moins de 3 %, le maximum fixé par le Pacte de stabilité européen.

L'annonce de M. Fillon constitue une réponse indirecte aux craintes soulevées par l'endettement des pays de la zone euro, qui ont annoncé hier un ambitieux plan de stabilisation de leur monnaie dans le but d'endiguer la crise.

Le parti au pouvoir martèle qu'il ne s'agit aucunement d'un «plan de rigueur», mais les partis de l'opposition dénoncent ce qu'ils considèrent comme une tentative de manipulation sémantique.

«En bon français, «diminuer la dépense publique» signifie que l'heure est à l'austérité. Il faut cesser de prendre les Français pour des imbéciles», a dénoncé le Parti communiste.

Le Parti socialiste évoque pour sa part un «plan de rigueur qui n'ose pas dire son nom».

Journée de grève

Hier, le président a reçu les dirigeants des principaux syndicats à l'Élysée à l'occasion d'un sommet social.

Nicolas Sarkozy a annoncé qu'il entendait maintenir l'aide annoncée durant la crise pour les licenciés économiques et la formation des jeunes. Il a précisé que les personnes disposant de hauts revenus seraient mises à contribution pour une réforme des retraites, prévue à l'automne.

Plusieurs syndicats ont appelé à une journée de grève et de manifestations le 27 mai pour défendre «les salaires, l'emploi et les retraites».