Voir une star de très près avant sa montée sur les marches, lui serrer la main ou pourquoi pas l'embrasser: voilà pourquoi des dizaines de badauds font le pied de grue avec force escabeaux et sièges pliants aux abords du Palais du festival à Cannes.

«C'est pas dur: il faut faire les trois-huit», explique Nicole Lopes qui a installé son trépied face au bâtiment dès mardi matin à la veille de la cérémonie d'ouverture.

Depuis, la retraitée en tee-shirt rose se relaie avec une amie pour ne pas perdre la place. «C'est la jungle, il faut s'organiser», lâche-t-elle sous une ombrelle, le soleil commençant à briller sur Cannes, capitale mondiale du cinéma le temps du festival.

Mais, dit-elle, ça vaut le coup de camper derrière les barrières où vont commencer à défiler les limousines mercredi soir pour la cérémonie d'ouverture. «Comme je suis un peu gonflée, j'ai embrassé pas mal de vedettes, mais pas George Clooney, j'ai pas osé...

«Ça me fait rêver et pendant ce temps-là je pense pas aux impôts...», ajoute-t-elle, des étoiles dans les yeux. Venue de la Drôme, elle loue chaque année un studio à Cannes pendant le Festival, «360 euros la semaine».

Comme elle, des dizaines de fans de cinéma ont installé leurs petites échelles ou fauteuils en toile, souvent cadenassés aux barrières blanches pour éviter les vols et pour bien marquer son territoire.

«Ça fait huit ans que je suis à la retraite, huit ans que je fais ça», ajoute Patrice, qui partage sa vie entre la région parisienne et Cannes. «J'ai mon thermos, mes médicaments... Ma femme vient m'apporter à manger», dit-il, sans perdre des yeux le tapis rouge.

«C'est des heures et des heures de présence, et ça pendant douze jours. Après, on est crevé!», confie-t-il encore.

Sylvia Paris, elle, est venue exprès d'Italie pour voir Russel Crowe - héros du film Robin Hood - accompagnée de son neveu «qui a gagné aux États-Unis le troisième prix de sosie» de... Russel Crowe, justement. Histoire d'oser la photo à côté de l'original.

Martine Santoro, 57 ans, une Parisienne installée à Cannes, se veut plus philosophe. «C'est vraiment les grandes stars qui prennent la peine de venir nous dire bonjour... les Sharon Stone, les Monica Belluci, les Dany Boon, les Robert de Niro...La classe, quoi.»

Mais l'an dernier, surtout avec Johnny Hallyday, «c'était très agressif, l'ambiance derrière les barrières, le manque de courtoisie était patent. Il y avait beaucoup de vrais ploucs», soupire-t-elle.