Russell Crowe et Cate Blanchett, les acteurs principaux du Robin Hood de l'Américain Ridley Scott ont étrenné le tapis rouge du Festival de Cannes, qui s'est officiellement ouvert mercredi soir, en l'absence du réalisateur iranien Jafar Panahi, détenu dans son pays.

Le fauteuil qu'aurait dû occuper le cinéaste, qui avait été invité par le festival à rejoindre son jury, est resté symboliquement vide sur l'estrade de l'auditorium du palais des festivals pendant la cérémonie présidée par l'actrice britannique Kristin Scott Thomas.

Le lauréat de la Caméra d'or du meilleur premier film en 1995 avec Le ballon blanc est incarcéré pour avoir «préparé un film contre le régime portant sur les événements postélectoraux».

Quelques heures plus tôt, le ministre français de la Culture, Frédéric Mitterrand, venu fouler le tapis rouge au milieu des stars, avait appelé avec le ministre des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, à la «libération immédiate» du cinéaste de la «nouvelle vague» iranienne.

La politique s'est aussi invitée à Cannes avec la défection annoncée du ministre italien de la Culture. Froissé par la diffusion hors compétition de Draquila, un documentaire de Sabina Guzzanti très critique sur la gestion du séisme de l'Aquila par le gouvernement de Silvio Berlusconi, il a annulé sa venue sur la Croisette.

Dans un festival qui ne déroge pas à la tradition mêlant paillettes et réalités politiques et économiques, cette édition est également marquée par la polémique liée au film de Rachid Bouchareb Hors-la-loi, en lice pour la Palme d'or avec 18 autres longs métrages du monde entier.

Ce film, qui réunit quasiment la même distribution qu'Indigènes primé sur la Croisette en 2006, suit de la fin des années 1930 à l'indépendance algérienne en 1962, le destin de trois frères à travers les tumultes de l'histoire franco-algérienne.

Il a été accusé de «falsifier l'histoire» par un député français de droite Lionnel Luca, rejoint par l'extrême droite et des associations d'anciens combattants qui ont prévu de manifester le 21 mai, jour de sa projection.

Mais au-delà des polémiques et des débats que ne manqueront pas de susciter d'autres films en prise avec la crise financière (Inside job), la guerre en Irak (Route irish de Ken Loach, Fair game de Doug Liman) ou le terrorisme (Carlos d'Olivier Assayas) l'heure était aussi à la fête mercredi, sous une Croisette enfin ensoleillée.

Après la projection hors compétition de Robin Hood dans lequel l'Australien Russell Crowe campe le légendaire héros médiéval de la littérature anglaise, le dîner officiel d'ouverture devait être suivi d'une fête annoncée comme somptueuse sur la plage du Majestic.

Et jeudi, place à la compétition. Le maître de l'animation et du baroque Tim Burton, président du jury cette année et ses huit jurés, dont les comédiens Benicio Del Toro, Giovanna Mezzogiorno et Kate Beckinsale, l'écrivain Emmanuel Carrère, le musicien Alexandre Desplat ou le réalisateur Victor Erice, devront trancher entre les oeuvres présentées pour la Palme d'Or.

Woody Allen, Takeshi Kitano, Alejandro Gonzalez Inarritu, Nikita Mikhalkov ou Ken Loach sont entre autres attendus à Cannes.