Shrek the Third n’a pas connu le succès des deux premiers opus de la série. Il fallait redresser la barre, changer de direction. Dirigé par le réalisateur Mike Mitchell, un équipage imposant s’est attelé à mener Shrek Forever After à bon port. Discussion avec le Québécois David Hubert, animateur de personnages.

David Hubert est devenu animateur par accident. «Un heureux accident de parcours», précise-t-il, lorsque joint par La Presse à Los Angeles, où il vit depuis un an et demi avec son épouse et où est né leur fils.

Natif de Mont-Saint-Hilaire, il s’est intéressé, très jeune, aux effets spéciaux utilisés au cinéma: «À l’époque, il n’y avait pour ainsi dire pas de 3D. Je pensais plutôt maquettes, maquillages. Et puis, j’ai vu Toy Story et Jurassic Park

Ça a fait «Waow!» dans sa tête.

Il a donc étudié en infographie puis en 3D, dans le but de se spécialiser en éclairage et en textures. L’accident s’est produit à ce moment-là.

Le jour où son contrat commençait, la compagnie qui l’avait engagé a mis la clé sous la porte. Une autre entreprise avait, elle, besoin d’animateurs pour une série télévisée en 3D. Il est monté à bord. «Ma carrière a alors pris une direction différente. Si l’animation n’a pas été un amour de jeunesse, j’ai eu un coup de foudre en la découvrant.»

Assez pour suivre son appel là où il résonnait: à Marseille, David Hubert a travaillé sur
Le manège enchanté; en Australie, sur Happy Feet; à Londres, sur Hell Boy. Tout en envoyant des démos ici et là. Entre autres, chez DreamWorks. Il y a un an et demi, il a signé un contrat de trois ans avec la compagnie qui, lors de son arrivée, avait deux projets en chantier: How to Train your Dragon et un nouveau Shrek.

C’est ainsi que pendant un an, il a animé les personnages de Shrek Forever After, sous la direction de Mike Mitchell. «Surtout Shrek et Fiona, un peu Donkey et Puss. Et Rumpel.»

Rumpel pour Rumpelstlitskin, le «méchant» du film. Shrek passe un pacte avec lui et se retrouve alors dans un monde parallèle où il n’a jamais existé et n’a donc pas, par sa seule présence, changé la vie de Fiona, de Donkey, de Puss in Boots, etc.

Au sujet de ce lutin maléfique qui fait sa grande entrée dans la mythologie «shrekienne», David Hubert dit avoir eu le plaisir d’être parmi ceux, nombreux, à lui avoir insufflé un peu d’eux-mêmes: «Quand on travaille sur une suite, on est contraint de suivre le style d’animation pré-établie. Ce n’était pas le cas pour Rumpel» dans lequel le réalisateur, surtout, et les animateurs des premières scènes du long métrage (dont David Hubert faisait partie) ont pu mettre leur grain de sel.

Le film

Quant au rôle de ce personnage dans Shrek Forever After, David Hubert mentionne qu’il est parmi les éléments ayant permis à l’histoire de prendre un virage à 90 degrés. Chose nécessaire, après l’échec relatif de Shrek the Third. «Mais là-dessus, je n’ai jamais senti d’inquiétude de la part des producteurs.

Seulement de l’espoir. Comme ils partaient de plus loin à cause du troisième film, ils ont attendu d’avoir quelque chose de vraiment solide avant de démarrer le quatrième. Ils pouvaient se permettre d’attendre puisque entre temps, plusieurs autres films de DreamWorks ont très bien fait au box-office», poursuit celui qui travaille maintenant sur la suite d’un de ces films à succès: Kung Fu Panda – The Kaboom of Doom.

Et selon lui, tous les espoirs sont permis pour Shrek Forever After: «Le scénario compte beaucoup de surprises et boucle vraiment la boucle.» Car ce quatrième volet sera le dernier à se pencher sur le destin de l’ogre vert qui, en 2001, a pris tout le monde par surprise. David Hubert le premier: «J’en étais à mon troisième contrat en animation et, un après-midi, nous sommes tous allés voir le film au cinéma. Nous avons été impressionnés par la technique mais aussi, par cette histoire rafraîchissante qui donnait une gifle au visage de tout ce qui est cute.» Comment, souligne-t-il, oublier l’apparition de l’ogre vert aux mauvaises manières dans la peau du personnage principal; et celle de la princesse qui, quand elle chante, fait exploser les oiseaux!

Shrek a en effet changé la manière d’écrire et de faire les films d’animation. Espérons que la page qui sera tournée avec Shrek Forever After sera le début d’une autre histoire. Il semble que oui: le clin d’oeil lancé là à Puss in Boots n’est pas un accident...

Shrek Forever After (Shrek: Il était une fin) prend l’affiche le 21 mai