«Suite à des problèmes de type grec, je ne pourrai être votre obligé à Cannes. Avec le festival, j'irai jusqu'à la mort, mais je ne ferai pas un pas de plus. Amicalement. Jean-Luc Godard.»

C'est en recevant ce mot la veille de la présentation de Film Socialisme que les organisateurs du festival ont appris que le légendaire cinéaste ne viendrait plus. 

Pendant la matinée, le service de presse a quand même gardé le suspense. Le maître n'en étant pas à un coup de théâtre près, on espérait peut-être un revirement de dernière minute. Il a toutefois fallu se rendre à l'évidence. JLG ne bluffait pas. L'une des conférences de presse les plus attendues a dû être annulée. 

Le journal Libération a sorti la nouvelle en primeur hier en reproduisant la lettre qu'a envoyée le cinéaste pour se justifier. Dans les couloirs du Palais, les rumeurs allaient bon train pour expliquer la saute d'humeur d'un cinéaste qui ne s'est pourtant pas souvent défilé à Cannes. 

La biographie non autorisée parue récemment sous la plume d'Antoine de Baecque; la pétition en faveur de Polanski; les thèmes politiques qu'aborde son Film Socialisme; autant de sujets «chauds» dont il ne voulait peut-être pas parler dans la fosse aux lions. 

Godard absent, les festivaliers se sont néanmoins bousculés aux deux représentations de Film Socialisme, sélectionné dans la catégorie Un certain regard. 

Essai cinématographique où tous les thèmes sont placés sans hiérarchie, tant les tragiques que les futiles, Film Socialisme s'étire pendant 100 minutes. Comme il y a longtemps que le maître ne nous demande plus d'essayer de comprendre son cinéma, on ne fera pas semblant. 

À part quelques plans magnifiques, montrant que le cinéaste n'a pas perdu l'oeil, l'exercice est plutôt assommant.