L'Irak est de nouveau au coeur de Cannes avec Fair Game de l'Américain Doug Liman, inspiré de la descente aux enfers vécue par Valerie Plame, agent de la CIA à la carrière brisée après la révélation par son mari diplomate, des mensonges de l'administration Bush.

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À l'affiche de ce film qui sortira en salles à l'automne, l'acteur américain Sean Penn est absent de la Croisette. Resté aux États-Unis, il participe à une commission d'enquête sur l'organisation des secours à Haïti diligentée par le Sénat américain.

Dans Fair Game, seul long métrage venu des États-Unis présenté en compétition, Valerie Plame (Naomi Watts), agent au département de non-prolifération des armes de la CIA, enquête sur l'existence d'armes de destruction massive en Irak. Son mari, l'ancien diplomate Joe Wilson, campé par Sean Penn, se voit confier la mission de vérifier une rumeur de vente d'uranium enrichi par le Niger à l'Irak, qui se révèle fausse.

Mais le gouvernement ignore ses conclusions, balaie les doutes de la CIA et lance l'offensive contre Saddam Hussein en mars 2003.

Trois mois après le déclenchement de l'opération «Choc et effroi», alors qu'aucune arme de destruction massive n'a encore été découverte, Wilson décide de révéler au New York Times les mensonges du président américain.

L'administration Bush réplique en le discréditant : l'identité de son épouse est révélée dans le Washington Post. Dès lors, la couverture de la jeune femme est réduite à néant, ses contacts à l'étranger et sa famille sont menacés.

«C'est une histoire incroyable et fascinante», a estimé jeudi lors d'une conférence de presse Doug Liman, qui exploite au mieux les ressorts dramatiques de cette histoire.

«On pense être dans un film d'espionnage, mais c'est à la réalité de l'espionnage aujourd'hui que l'on est confronté. Plame empêchait des pays comme la Corée du Nord ou l'Iran d'acquérir des bombes».

Après Mr. and Mrs. Smith ou The Bourne Identity, ses précédents longs métrages, cette fois «l'enjeu était énorme», a confié Doug Liman, qui a réfuté avoir fait un film politique, même s'il sera probablement interprété ainsi.

«Je voulais montrer l'atmosphère aux États-Unis durant cette période. Je ne suis pas sûr d'avoir eu d'autres intentions» a-t-il dit, soulignant qu'à ses yeux, Fair Game vaut surtout pour sa chronique de la vie familiale des Plame.

«Qu'est ce qui se passe quand l'espion rentre chez lui le soir? Peut-être qu'elle (Plame) ment tout le temps, la journée en tant qu'agent et le soir parce qu'elle ne peut pas raconter la vérité à ses amis».

L'Australienne Naomi Watts a dit avoir apprécié ce rôle de femme «d'une complexité incroyable, avec des responsabilités importantes».

«Encore aujourd'hui, beaucoup d'informations la concernant demeurent confidentielles et je n'ai pas pu l'amener à raconter tous ses secrets», a-t-elle dit. L'ex-espionne était elle aussi sous le feu des projecteurs.

Venue défendre le documentaire Countdown to Zero, charge anti-nucléaire de l'Américaine Lucy Walker projeté lundi dernier et dans lequel elle témoigne, Valery Plame voit dans Fair Game un «film de divertissement» porteur toutefois d'«un avertissement» aux fonctionnaires et politiciens.

Habituée à la discrétion, Mme Plame dit s'être habituée à susciter l'attention des médias. Aujourd'hui elle prépare un livre.

«Un roman sur une femme officier au sein de la CIA», a-t-elle précisé dans un entretien avec l'AFP, soulignant: «Je reste fidèle à ce que je connais».