«Magique et déroutant», selon le quotidien français Libération, Oncle Boonmee, film thaïlandais Palme d'or dimanche à Cannes, aurait plutôt mérité «la palme de l'ennui», selon le Figaro, ou celle du «grotesque», selon El Pais, tandis que le Times le juge à la fois «bizarre» et «fantastique».

 

 >>> Marc-André Lussier à vu le film Oncle  Boonmee à Cannes. Lisez  sa chronique La palme à Oncle Boonmee? Un choix courageux. Très.


«Les juges se sont laissés séduire par une oeuvre saisissante qui résiste à toute classification», écrit The Independent, soulignant que le festival n'avait cette année qu'une «maigre» sélection à se mettre sous la dent.

«Dans un monde dominé par les grands noms de Hollywood, personne ne niera à Oncle Boonmee sa place sous le soleil de Cannes», juge le quotidien britannique.


Evoquant également une sélection «objectivement terne», Libération (France) estime que la Palme récompense un film «magique et déroutant». Le «palmarès, en reléguant bien des films académiques dans les limbes d'où ils n'auraient jamais dû sortir (...) a gardé les films les plus artistiquement purs et modernes», se félicite le quotidien.


Pour le Times de Londres, le film thaïlandais était «le plus bizarre» de la sélection, mais également «fantastique».


«L'ange du bizarre s'est penché sur cette 63e édition du Festival de Cannes», avec une Palme d'or «totalement inattendue» attribuée à «un outlaw du cinéma», écrit le Monde (France).


Sous le titre «Grotesque palme d'or», El Pais (Espagne) critique «l'hermétisme recherché, l'introuvable poésie et le langage pathétique» du réalisateur Apichatpong Weerasethakul, estimant que son film est un «conte absurde et soporifique». Le «souvenir le plus transcendant et stupide de ce Cannes immédiatement oubliable sera le triomphe de cette vaine lyrique», conclut Carlos Boyero.


Aussi acerbe, le Figaro (France) estime que Oncle Boonmee méritait la «palme de l'ennui». Le jury présidé par Tim Burton a récompensé «un film hermétique, lent et au symbolisme obscur», «un pensum de deux heures dont on se demande à qui il s'adresse», «une belle palme de plomb».


Ou une «Palme de l'étrange», selon le Parisien, qui estime que la  récompense est attribuée à un «apôtre du cinéma expérimental, contemplatif et teinté de merveilleux, bref pas du tout grand public».


Pour le Times, «Des hommes et des dieux» du Français Xavier Beauvois, qui a reçu le Grand Prix du Jury, «aura du sens pour un public beaucoup plus large». C'est «un film miraculeux touché par la grâce», selon le Figaro.


«Cannes 2010 signe la victoire de la prise de risque», selon le Temps (Suisse). «Ce n'est pas forcément une bonne nouvelle pour la manifestation: bien des spectateurs qui découvriront Apichatpong Weerasethakul sur la foi de sa Palme d'or ou Mahamat-Saleh Haroun sur celle de son Prix du jury ne retourneront pas de si tôt voir un film couronné sur la Croisette.

Mais c'est une très bonne chose pour la liberté de créer autrement et ailleurs». Cette 63e édition restera ainsi «comme un rempart pour la protection de la diversité et de la liberté», conclut le quotidien suisse.


El Mundo (Espagne), juge que le «cinéma primitif» a été primé, tandis que le Matin (Suisse) estime que Tim Burton et son jury ont «su mijoter un palmarès équilibré, bien relevé et aux saveurs des plus variées».


Un des «principaux aspects positifs» de «cette étrange édition», selon le Monde, est que loin d'être coupée du réel, la manifestation «s'est révélée plus que jamais sensible aux mouvements du monde, aux crises, aux débats qui le traversent».