Dennis Hopper, décédé à 74 ans d'un cancer de la prostate, aura marqué de sa patte rebelle le cinéma du XXe siècle au cours d'une carrière qui l'a vu débuter aux côtés de James Dean, rouler des mécaniques avec Peter Fonda, et tourner sous la direction de Francis Ford Coppola.

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   Mais Dennis Hopper était avant tout un acteur résolument américain; un enfant du «New Deal» du président Franklin D. Roosevelt, né en 1936 au Kansas, au coeur de l'Amérique profonde. C'est d'ailleurs cette Amérique, arc-boutée sur ses principes et son rigorisme, qu'il n'aura de cesse de titiller à travers ses différents rôles.

   Tout d'abord dans La fureur de vivre et Géant dans lesquels il fait ses débuts aux côtés d'une de ses idoles, James Dean, pourfendeur d'une Amérique qui refuse d'admettre le mal-être de sa jeunesse.

   Ensuite dans plus d'une centaine de rôles de séries télévisées. Et, bien sûr, dans Easy Rider en 1969, qu'il réalise, et dans lequel il campe avec Peter Fonda un duo de motards autant mordus de bitume que de drogue. Paradoxalement, si Easy Rider voit Dennis Hopper arriver à la maturité à l'écran, il dépeint les errances de la «Woodstock Generation» et vaut à Dennis Hopper le Prix de la première oeuvre au Festival de Cannes.

   Les années 1970 voient l'acteur sombrer dans l'alcool et la drogue. Point d'orgue de cette décennie mouvementée: Apocalypse Now de Francis Ford Coppola où il joue le rôle d'un photographe hallucinant et halluciné.

   Et s'il faut parler d'un retour en grâce après les années d'errance, c'est sans aucun doute à David Lynch que Dennis Hopper le doit. Lynch le met en scène dans Blue Velvet en 1986. La même année, il apparaît dans Le Grand Défi aux côtés de Gene Hackman, où il incarne... un alcoolique. Son interprétation lui vaudra d'ailleurs une nomination aux Oscars dans la catégorie «Meilleur second rôle».

   Acteur aux multiples facettes, Dennis Hopper était surtout un artiste accompli. Bien avant de commencer le tournage d'Easy Rider, il s'était déjà mis à la peinture. Dans la veine du «Pop art» d'Andy Warhol, son style s'inspire aussi largement de l'impressionisme.

   Rebelle, Dennis Hopper l'a été jusque dans ses convictions politiques. À contre-courant du Tout Hollywood, largement acquis aux démocrates, l'acteur a toujours clamé son attachement au parti républicain, à une exception notable: lors de la dernière campagne présidentielle de 2008, il s'était publiquement prononcé en faveur de Barack Obama.

   «J'ai voté pour Bush, père et fils, mais maintenant je vais voter pour Obama», avait-il déclaré en octobre 2008, un mois avant l'élection, lors du vernissage de l'exposition Dennis Hopper et le Nouvel Hollywood à la Cinémathèque française à Paris.

   «J'ai été le premier républicain de ma famille», expliquait-il.

   C'est à cette occasion que Christine Albanel, ministre française de la Culture d'alors, l'avait fait commandeur dans l'ordre national des Arts et des Lettres, un an et demi avant qu'il ne reçoive son étoile sur le fameux «Walk of Fame» d'Hollywood Boulevard.

   C'était le 26 mars dernier et sa dernière apparition publique. Accompagné des acteurs Viggo Mortensen et Jack Nicholson, Dennis Hopper était apparu amaigri, lessivé par son cancer.

   «Tout ce que j'ai appris, c'est à vous que je le dois», avait-il dit à ses invités. «Je vous aime tous. Je vous remercie tout simplement. (Cette étoile) signifie beaucoup pour moi. Merci à tous».