Hollywood a mis du piquant dans ses distributions cinématographiques. Quasi absents des scénarios pendant plusieurs années même s'ils forment une bonne partie de la population américaine, les Gael Garcia Bernal et les Ricardo Darín de ce monde ont tracé la voie à plusieurs Latino-Américains qui souhaitent faire leur marque aux États-Unis, constate l'actrice d'origine mexicaine Salma Hayek.

«Je pense que Hollywood a vraiment évolué en ce qui concerne l'intégration des Latinos», a-t-elle affirmé la semaine dernière à l'occasion d'une conférence de presse tenue à Los Angeles en prévision de la sortie de son prochain film, Grown Ups, comédie où elle joue aux côtés d'Adam Sandler.

Questionnée à propos de la place des Latinos américains au grand écran et sur la scène musicale, Salma Hayek se réjouit de voir une plus grande proportion de ses compatriotes réussir à s'illustrer chez l'Oncle Sam. «Avant, nous étions absents de toutes les histoires (au cinéma). C'était bizarre», a-t-elle ajouté.

Celle qui a notamment fait sa renommée grâce à son rôle de Frida Kahlo, dans un film - paru en 2002 - portant sur la vie de cette artiste-peintre mexicaine et de son époux, le muraliste Diego Rivera, refuse toutefois de porter le titre d'ambassadrice. L'actrice originaire de Veracruz ne se perçoit pas comme étant celle qui a ouvert le chemin.

«Je pense que je suis vraiment privilégiée d'avoir fait partie de ce petit groupe de personnes qui a réussi à franchir la porte d'autres marchés. Mais je n'ai pas accompli tout ça moi-même, souligne-t-elle humblement. Jennifer (Lopez), Ricky Martin et beaucoup de mes amis au Mexique comme Alfonso Cuaron (réalisateur de Y tu mamá también), Alejandro González Iñárritu (réalisateur de Babel et 21 Grams) et Gael (Garcia Bernal) ont énormément contribué à cette évolution.»

Rappelons que, aux États-Unis, les Latinos représentent près de 15,4 % de la population. Chaque année, plusieurs milliers de Mexicains et d'habitants de l'Amérique centrale et du Sud traversent la frontière des États-Unis dans le but de s'y établir et d'y connaître une vie meilleure.

Sous-représentation

Par ailleurs, Enrique Pato, professeur au département de littérature et de langues modernes de l'Université de Montréal et auteur d'une étude intitulée Chantons en espagnol avec Céline Dion, rappelle que 35 millions de personnes vivant aux États-Unis ont l'espagnol comme langue maternelle. En raison de ce nombre important, il estime que, en dépit de la présence de vedettes comme Shakira et Paulina Rubio en musique ou de Diego Luna au cinéma, les artistes latinos demeurent sous-représentés sur la scène américaine et internationale.

Pourquoi? «Parce qu'il y a une compétition féroce entre les artistes américains dits «de souche» et tous ceux issus des communautés culturelles, croit Enrique Pato, joint par courriel en début de semaine alors qu'il se trouvait à Madrid. Certaines raisons culturelles et sociales propres aux États-Unis peuvent également expliquer ce phénomène», poursuit-il.

M. Pato n'est toutefois pas prêt à accuser la société américaine de faire preuve de racisme. «Si vous questionnez l'Américain blanc moyen, jamais il ne se considérera comme une personne raciste parce qu'il ne fait pas preuve de discrimination envers un Mexicain ou un Latino qui chante bien, qui joue bien au cinéma ou encore qui est un bon avocat, un bon médecin. Mais par contre, il aura du mal à accepter un Latino qui vient travailler illégalement», résume-t-il. Deux poids, deux mesures, selon lui.

Par ailleurs, au Québec, il est difficile de connaître le nombre d'acteurs ou de chanteurs issus de cette communauté culturelle. L'Union des artistes (UDA) ne compile aucune donnée sur l'origine ethnique de ses membres.