Le Cinéma du Parc met à l’affiche pendant 20 jours pas moins de 12 des 21 longs métrages qu’a réalisés François Truffaut avant de disparaître trop tôt il y a plus de 25 ans. Les cinéphiles montréalais auront ainsi l’occasion de revoir sur grand écran plusieurs des classiques du bien-aimé cinéaste, dont l’intégralité du cycle Antoine Doinel, personnage symbiotique campé par l’alter ego Jean-Pierre Léaud.

Fait à souligner, Roland Smith, administrateur du Cinéma du Parc, a pu mettre la main sur des copies 35 mm pour toutes les représentations. Celles-ci proviennent du distributeur américain Janus Films, spécialisé dans la restauration d’œuvres classiques et étrangères. Toutes ces copies comportent évidemment un sous-titrage en anglais.

Parmi les incontournables, signalons Les 400 coups. Ce tout premier long métrage, réalisé en 1959, est l’un des films phare la Nouvelle Vague, dont Truffaut fut l’un des fondateurs.

Il ne faudrait pas non plus – pour rien au monde – rater La nuit américaine, l’un des plus beaux films sur le cinéma à n’avoir jamais été réalisés. Ce film avait d’ailleurs valu à Truffaut l’Oscar du meilleur film en langue étrangère. Les grands classiques et succès populaires comme Jules et Jim ou Le dernier métro méritent assurément d’être revus sur grand écran, tout comme les films peut-être moins «connus». Parmi ceux-là: La peau douce, un film remarquable, construit comme un suspense amoureux. Ce drame, au cœur duquel figure une liaison adultère, met en outre en vedette Françoise Dorléac,  sœur aînée de Catherine Deneuve. La carrière d’actrice de la jeune femme s’annonçait à l’époque plus que prometteuse mais le destin en aura décidé autrement. L’actrice devait mourir dans un accident de voiture dans la fleur de l’âge.

Tirez sur le pianiste (avec Charles Aznavour), Les deux anglaises et le continent, La femme d’à côté (magnifique Fanny Ardant) et Vivement dimanche! font aussi partie de la programmation. On retrouve par ailleurs Antoine Doinel préado dans Les 400 coups; âgé de 17 ans et amoureux dans Antoine et Colette, un court métrage tiré du film à sketchs L’amour à vingt ans (présenté dans ce programme avant Baisers volés); amoureux de nouveau dans Baisers volés; marié dans Domicile conjugal; en instance de divorce dans L’amour en fuite

Rappelons que François Truffaut a marqué l’histoire du cinéma à plus d’un titre en y consacrant pratiquement toute sa vie. D’abord en tant que critique au cours des années 50, notamment aux Cahiers du cinéma, puis en tant qu’auteur d’ouvrages consacrés au cinéma.

Brillant polémiste, debout sur la ligne de front, ce grand timide était de tous les combats, fort de ses convictions et de sa manière de les exprimer. Truffaut a lancé la Nouvelle Vague en réaction contre cette «certaine tendance du cinéma français». Cinq ans avant la sortie des 400 coups, six avant celle d’À bout de souffle de Godard (dont il a écrit le canevas), il avait rédigé cet article fameux dans lequel il dénonçait la tradition de la «qualité française» de l’après-guerre et les limites d’un cinéma qui s’embourgeoise.

Puisant aussi bien son inspiration dans des œuvres littéraires que dans ses propres observations, Truffaut a accouché d’une œuvre cohérente, teintée d’une sensibilité exceptionnelle.

Il manque, il est vrai, quelques œuvres très significatives à ce programme offert par le Cinéma du Parc. L’enfant sauvage, L’histoire d’Adèle H., La chambre verte, notamment. Cela dit, l’ensemble se révèle assez riche pour satisfaire tous les amoureux de celui dont le réalisateur Pascal Kané disait qu’il était peut-être le «dernier à avoir été un homme complet du cinéma, pleinement et sereinement».

François Truffaut X 12 se poursuit jusqu’au 22 juillet au Cinéma du Parc (www.cinemaduparc.com)