Trop blanc, trop catholique ou trop homogène, le cinéma Québécois? Archifaux, estiment les principaux bailleurs de fonds qui financent le septième art. Chose certaine, ceux-ci n'ont nullement l'intention de faire de la discrimination positive ou d'imposer des «critères multiethniques» dans leur processus de sélection des films.

«Est-ce qu'on demande à Atom Egoyan d'avoir nécessairement un Québécois dans tous ses films? demande le président et chef de direction de la Société de développement des entreprises culturelles (SODEC), François Macerola. Il ne faudrait surtout pas que la SODEC s'embarque à émettre des règles et puis à faire de la discrimination positive par rapport au nombre d'allophones qu'il peut y avoir dans un film, ajoute-t-il. Je pense que ça irait totalement à l'encontre du respect que la SODEC a toujours eu par rapport à ses créateurs. On n'est surtout pas là pour leur imposer un point de vue.»

Les commentaires de M. Macerola, interrogé hier par La Presse, faisaient écho aux propos tenus plus tôt cette semaine par le réalisateur du film The Trotsky, Jacob Tierney. De passage à Los Angeles en début de semaine pour faire la promotion de son long métrage, le jeune cinéaste a affirmé que le cinéma québécois était «blanc, blanc, blanc, homogène» et qu'il ignorait les anglophones et les communautés culturelles.

«C'est faux de dire que notre cinématographie n'est que blanche, francophone et catholique, estime le grand patron de la SODEC. Je trouve que ce genre de commentaire, c'est passéiste et inutile. Les cinéastes sont des êtres humains qui évoluent dans un milieu. Et ce milieu-là change tranquillement, poursuit-il. Est-ce que notre cinéma doit nécessairement représenter toute la réalité? Non, il doit représenter des facettes de la réalité. C'est l'ensemble de ces subjectivités qui fait en sorte qu'on a une cinématographie.

«J'ai toujours cru que plus on est profondément québécois, plus nos films ont du succès, croit-il. Et ce sens d'être québécois, il peut varier chez l'un et chez l'autre.»

Téléfilm

Du côté de Téléfilm Canada, la directrice générale, Carolle Brabant, tient pour sa part à rappeler que l'institution s'est toujours donné comme mission de soutenir des projets qui reflètent les réalités culturelles du pays. «Et je pense que c'est ce que l'on fait. Notre portefeuille de longs métrages au Québec en témoigne», ajoute-t-elle, en faisant notamment référence à des films comme The Trotsky (Jacob Tierney), Funkytown (Daniel Roby) et La cité (Kim Nguyen).

«Nos investissements en anglais sont au moins égaux ou supérieurs à la population anglophone au Québec», tient-elle à rappeler. En 2009-2010, Téléfilm a remis une enveloppe totale de 10,6 millions destinée aux longs métrages québécois en anglais.

Mme Brabant croit également que la notoriété du film de Jacob Tierney - dont l'action se passe essentiellement dans le Montréal anglophone - va probablement favoriser l'émergence d'autres talents qui voudront aussi exprimer cette diversité.