Le Festival international du film de Karlovy Vary, en République tchèque, ne jouit peut-être pas de la notoriété de Cannes, mais il demeure l'un des plus prestigieux festivals européens. Cette petite ville d'environ 50 000 habitants, considérée comme la plus branchée des villes d'eau du pays, déroulera le tapis rouge de la compétition officielle, aujourd'hui, au film québécois Trois temps après la mort d'Anna, de Catherine Martin.

Tourné dans la région de Kamouraska, ce troisième long-métrage de la cinéaste originaire de Hull (Mariages, Dans les villes) raconte l'histoire tragique d'une femme (Guylaine Tremblay) qui, après la mort de sa fille, trouve refuge dans la maison de ses ancêtres afin de guérir ses plaies. Elle trouvera le réconfort auprès d'un ami d'adolescence (François Papineau), un peintre revenu habiter dans son coin de pays.

«Mon personnage est une sorte d'ange gardien que la vie met parfois sur le chemin des gens», raconte François Papineau, fraîchement débarqué hier en sol tchèque. «Un peu malgré lui, il va devenir un aidant naturel pour cette femme qui vit un deuil d'enfant, sans doute la chose la plus tough à surmonter dans une vie. Mais le film démontre qu'on peut arriver à surmonter même les choses les plus terribles.»

Tenant absolument à être présente à la première du film, Guylaine Tremblay fera un saut éclair à Karlovy Vary, aujourd'hui. La comédienne reprendra l'avion aussi vite qu'elle est venue afin d'être de retour à temps à Joliette, mardi soir, pour jouer dans la pièce Belles-soeurs.

Pour le distributeur québécois Louis Dussault, de K-Films, une présence en compétition officielle à Karvoly Vary a une valeur inestimable pour un film québécois, en raison de la forte présence de professionnels de l'industrie du cinéma. «Après Cannes, c'est le plus important. Pour quelqu'un qui veut vendre ou qui veut acheter un film, c'est l'endroit idéal. En plus, c'est un public jeune, venu des quatre coins du pays, qui remplit les salles. C'est une petite ville, mais pendant une semaine, elle est complètement cinéma.»

Selon le distributeur, le Festival de Karvoly Vary a véritablement gagné ses lettres de noblesse en 2001, alors que le jury a remis son grand prix - le Globe de cristal - au Fabuleux destin d'Amélie Poulain, refusé par Cannes. «Le film a été vendu dans le monde entier à partir de Karlovy Vary. Le Festival a alors acquis une notoriété.»

Dolan et demers aussi

Deux autres films québécois sont au menu de Karlovy Vary cette année. Outre le Xavier Dolan, Les amours imaginaires, dont la presse a largement fait écho à Cannes, le réalisateur Patrick Demers présentera jeudi, dans une section parallèle, son premier long-métrage, Jaloux, mettant en vedette Sophie Cadieux, Maxime Denommée et Benoît Gouin. Une production tournée avec un budget minimaliste de 50 000 $.

Le Festival de Karlovy Vary, 45 ans au compteur, est l'un des plus anciens d'Europe. Chaque année, les professionnels et journalistes sont de plus en plus nombreux à venir y découvrir les plus récentes productions européennes. «Le Festival offre un large choix de films en provenance d'Europe de l'Est. J'ai même vu l'an dernier un film albanais», mentionne Todd Hitchcock, de l'American Film Institute, rencontré dans les coulisses du Festival.

Parmi les quelque 250 productions en provenance d'une soixantaine de pays, il y a quelques films américains déjà sortis en salle chez-nous depuis un moment. C'est celui de Scott Cooper, Crazy Heart, qui a eu l'honneur d'inaugurer le Festival, vendredi.

Les frais de déplacement et de séjour du Soleil à Karlovy Vary sont assumés par le Festival international du film et le distributeur québécois K-Films.