Pour assister à la première de Trois temps après la mort d'Anna, lundi soir, au Festival de Karlovy Vary, Guylaine Tremblay s'est payé sa «folie de l'été» : un aller-retour au-dessus de l'Atlantique en moins de 48 heures. Partie de Montréal en fin d'après-midi dimanche, la comédienne comptait être de retour à Joliette mardi soir, à temps pour jouer dans la pièce Les belles-soeurs.


«Au lieu d'aller voir un film à Montréal, je vais en voir un en République tchèque. C'est une affaire folle mais je devrais être correcte...» lance-t-elle au Soleil, attablée devant une copieuse assiette de jarrets d'agneau, quelques heures seulement après son arrivée à Karlovy Vary.


Si Guylaine Tremblay s'est tapé ce voyage éclair malgré son horaire chargé, c'est pour défendre un film qui mérite de l'être au regard de ses grandes valeurs. À partir d'un sujet tragique - la perte d'un enfant -, la réalisatrice Catherine Martin démontre qu'il existe une issue à la souffrance, aussi grande soit-elle.


«Il y a toujours une brèche quelque part. Pour mon personnage de Françoise, c'est la nature, ses racines, son retour à Kamouraska. C'est ce qui la ramène à la vie. J'aime beaucoup les séquences où elle marche seule dans la nature. On entend le son de sa respiration, elle regarde le fleuve, elle se promène en raquettes. Elle essaie de reprendre contact avec l'essence même de la vie.»


Si la perspective de plonger aussi profondément dans ses émotions ne l'a pas effrayée au départ, elle a été claire avec la cinéaste lors des répétitions.


«Avec la perte d'un enfant, tu ne peux pas aller plus loin dans la souffrance, la colère, la désespérance. J'ai dit à Catherine que je lui donnerais le jus le moment venu, une fois la caméra devant moi. Ça me donnait le vertige et me ramenait trop à mes propres enfants.»


Rédemption par l'art
Présent aussi à Karlovy Vary pour la première du film, François Papineau avoue que l'idée d'évoluer dans le monde «grave, rugueux et austère» de Catherine Martin l'a tout de suite séduit, d'autant plus qu'il a rarement eu l'occasion de se frotter par le passé à ce genre de cinéma. La présence de Guylaine Tremblay, une bonne copine, pour lui donner la réplique a fini de le convaincre. «Travailler ensemble a été un remède contre l'austérité. On "ventilait" beaucoup à l'extérieur du tournage.»


Le comédien de 43 ans, tête d'affiche du long-métrage d'ouverture du Festival des films du monde de Montréal, Route 132, incarne Édouard, un peintre en panne d'inspiration qui fuit le tumulte du monde. Les retrouvailles avec Françoise, son amour de jeunesse, vont raviver des plaies encore vives. Si Françoise trouvera son salut dans la nature, pour Édouard, ce sera en renouant avec son art.


«La seule personne capable de le sortir de son isolement, c'est Françoise. Et la même chose pour elle : il n'y avait que lui. Quelque part, ils sont des anges gardiens l'un pour l'autre.»