Les soutiens de Roman Polanki en France et en Pologne se sont réjouis de la décision de la Suisse lundi de ne pas extrader le cinéaste franco-polonais vers les États-Unis et de lui rendre sa liberté de mouvements, tout en regrettant les dix mois «perdus» depuis son arrestation.

  

Son épouse, l'actrice et chanteuse française Emmanuelle Seigner, a accueilli «la fin d'un cauchemar de plus de neuf mois» avec un «immense plaisir».

 

«J'ai vraiment hâte que nous puissions tous refaire des projets et reprendre une vie de famille normale», a indiqué lundi dans un communiqué la comédienne qui a eu deux enfants avec le réalisateur.

  

Roman Polanski lui-même a chaleureusement remercié ceux qui l'ont soutenu, dans une déclaration transmise à l'AFP par son avocat Hervé Temime. «Je veux (...) remercier du fond du coeur tous ceux qui m'ont soutenu et leur faire part aujourd'hui de ma grande satisfaction. À tous un immense merci», a-t-il dit.

  

Roman Polanski «peut enfin rejoindre la communauté des artistes qui l'ont entouré avec chaleur et respect durant plusieurs mois», s'est félicité le ministre français de la Culture Frédéric Mitterrand. «Voici venu le temps de l'apaisement. Le passé douloureux, la riche personnalité, l'oeuvre unanimement admirée de Roman Polanski retrouvent toute leur place», ajoute-t-il.

  

Son collègue aux Affaires étrangères Bernard Kouchner a fait part de son «profond soulagement» à son homologue suisse Micheline Calmy-Rey.

  

Les deux ministres français avaient apporté un soutien appuyé au cinéaste au moment de son arrestation, jugée «absolument épouvantable» par Frédéric Mitterrand.

  

Cet engagement leur avait valu des critiques d'une partie de la classe politique et de la presse françaises et ils avaient dû par la suite modérer leur soutien au cinéaste.

  

La Suisse a refusé lundi d'extrader vers les Etats-Unis celui qui avait remporté la Palme d'or à Cannes en 2002 avec Le Pianiste, comme le demandait la justice américaine, qui le recherchait pour des «relations sexuelles illégales» en 1977 avec une mineure âgée de 13 ans.

  

Le cinéaste, arrêté sur mandat international américain le 26 septembre à son arrivée à Zurich pour un festival de cinéma, avant d'être incarcéré puis assigné à résidence, est désormais libre de ses mouvements.

  

«Merci la Suisse, bravo la Suisse !», s'est aussi exclamé l'ancien ministre socialiste français de la Culture Jack Lang, pendant que le délégué général du Festival de Cannes, Thierry Frémaux, a espéré que Roman Polanski puisse «rapidement se consacrer à nouveau tout entier à son travail de cinéaste».

  

L'écrivain Bernard-Henri Lévy, qui avait été le premier à faire circuler une pétition de soutien au cinéaste franco-polonais, s'est dit «fou de bonheur».

  

Même soulagement en Pologne, où la joie est «toutefois doublée d'un sentiment d'amertume, si l'on songe aux dix mois de vie ôtés à Roman» pour le réalisateur Jacek Bromski, président de l'Association des cinéastes polonais.

  

«Sa détention était illégitime dès le début, tout le monde le savait, et pourtant on laissait jusqu'ici des magistrats de bas niveau décider du sort de cet homme», a-t-il souligné.

  

Selon Andrzej Serdiukow, coproducteur polonais du Pianiste, couronné par un Oscar, «c'est une grande joie pour tous les amis de Roman, surtout qu'il était vraiment en mauvaise condition morale ces derniers temps».

  

«Cet isolement le tuait. Mais il s'en remettra très vite, c'est quelqu'un de perpétuellement jeune qui regarde toujours vers l'avenir, et non vers le passé», a-t-il déclaré.

  

Les États-Unis se sont dits «déçus» par la décision de la Suisse. «Nous continuerons à chercher justice dans cette affaire», a déclaré le porte-parole du département d'État, Philip Crowley.

  

Le ministère polonais des Affaires étrangères s'est en revanche déclaré «satisfait».

 

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