A Fish Story : l'effet papillon du punk...

Est-ce qu'une chanson peut changer le monde? À en croire A Fish Story, oui. C'est ce que nous raconte le réalisateur japonais Yoshihiro Nakamura, dans ce film étonnant, qui se déroule simultanément sur cinq décennies. En 1975, un groupe punk enregistre un 45 tours qui ne connaît aucun succès. En 1982, un jeune homme sauve une femme en détresse. En 1999, des illuminés attendent la fin du monde qui ne vient pas. En 2009, sur un traversier attaqué par des terroristes, une étudiante rencontre un prétendu justicier. En 2012, alors qu'une comète s'apprête à percuter la Terre, deux mélomanes redécouvrent une vieille chanson punk... Il y a quelque chose de «tarantinesque» dans cette juxtaposition d'histoires qui n'ont apparemment aucun lien entre elles. Mais Nakamura attache le tout avec habileté, transformant cette fable sur l'amitié, le destin et la fatalité en une touchante réflexion sur l'effet papillon. Un brillant casse-tête, qui ne prendra son sens qu'à la dernière minute, alors que tout s'explique enfin. Sorti en 2009, A Fish Story est le 10e film de Nakamura, mais le premier à avoir connu une vie à l'extérieur du Japon. Moins réussi, mais tout aussi brillant, son long métrage suivant, Golden Slumbers, est aussi présenté à Fantasia. Il raconte la fuite haletante d'un pauvre bougre, mêlé malgré lui à l'assassinat du premier ministre japonais.

A Fish Story, dimanche 18 juillet, salle J.A. de Sève. Golden Slumbers, samedi après-midi, 14 h 10, salle J.A. de Sève.

Sell Out! : un adorable navet

En entrevue dans La Presse la semaine dernière, le directeur de Fantasia, Mitch Davis, classait Sell Out! parmi les films les plus drôles du festival. Il a sans doute raison. Ce film malaisien est un excellent, un ironique, un captivant et un adorable... navet. D'un point de vue strictement cinématographique, ce film de Yeo Joon Han ne casse rien. Mais l'histoire est absolument pissante. C'est celle de Rafflesia Pong, jeune présentatrice de télévision qui tente de faire sa place en réalisant des interviews un brin intello qui virent à la foire. Ses cotes d'écoute sombrent, ses patrons menacent de l'éjecter. Tout comme ils menacent de virer Eric, inventeur d'une machine fabriquant des aliments à base de soya qui a le défaut de ne pas se briser! La mort en direct de l'ex-copain de Rafflesia lui donne l'idée saugrenue d'animer une téléréalité où les gens meurent en direct. Une hilarante critique des médias, du monde de la finance et de la téléréalité, Sell Out! fait rire avec ses embrouilles linguistiques et ses chansons d'un mauvais goût hallucinant. Le tout en jetant un regard plutôt sensible sur le Kuala Lumpur des cols bleus et des gagne-petit.

Sell Out!, aujourd'hui, 18 h 50, Théâtre Hall.