On l'a vu récemment dans Repo Men, Taking Woodstock, X-Men Origins: Wolverine, Defiance. Bref, en homme de pouvoir dans une société futuriste, en drag queen agissant comme garde de sécurité lors d'un concert qui passera à l'histoire, en héros de comic-book, en Juif qui rend coup pour coup pendant la Deuxième Guerre mondiale. Au début de l'année, il donnait la réplique à Scarlett Johansson dans la production d'A View From the Bridge présentée sur Broadway.

Liev Schreiber fuit les étiquettes, varie les genres et les rôles. Toujours avec aisance. «C'est le plus talentueux des acteurs américains contemporains», assure Phillip Noyce. C'est parce qu'il voulait l'avoir dans la distribution de Salt que le réalisateur a posé ce que l'acteur, en entrevue à La Presse, qualifie de «geste brillant»: «Il n'est pas passé par mon agent, il m'a téléphoné directement. Or il se trouve que je suis un très grand fan de Phillip.»

Il a donc immédiatement accepté d'incarner Ted Winter, le patron d'Evelyn Salt à la CIA. D'autant que le sujet des espions dormants l'a toujours fasciné: «Je me demande quel genre de personne peut faire ça. Ils «dorment « ici depuis des années, des décennies parfois, attendant qu'on les « éveille «. Mais entre-temps, est-ce qu'ils se sont fait une famille? Ont-ils une femme, des enfants? Veulent-ils rentrer dans leur pays d'origine, un jour? Et s'ils le veulent, quel est leur degré de patriotisme? Chose certaine, il est plus grand que le mien», poursuit Liev Schreiber - qui voit un parallèle entre le métier d'acteur et celui d'espion: «Les meilleurs menteurs sont ceux qui croient en leurs mensonges», fait-il avec un sourire sibyllin.

Le même sourire revient quand on évoque son enfance qui, à première vue, n'a pas été celle d'un futur acteur. Oui, son père, Tell Schreiber, était comédien; mais quand Liev avait 4 ans, ses parents se sont séparés. Il a alors vécu à New York avec sa mère, une artiste peintre, squattant des immeubles abandonnés tandis qu'elle conduisait des taxis. Le garçon, lui, rêvait d'être opérateur d'ascenseur. «J'aimais le geste qu'ils avaient à faire pour fermer les grilles de la porte», raconte-t-il en mimant ledit geste.

À l'époque, il aimait s'imaginer dans ce rôle. Aujourd'hui, il se dit chanceux d'être payé pour cela. «J'ai toujours été fasciné par les comportements, par l'art d'imiter. J'aime l'idée d'essayer de comprendre en adoptant une manière d'être, de faire, comme si j'étais vraiment un autre. Beaucoup de gens sont ainsi. J'ai la chance, moi, de gagner ma vie grâce à ça.»