25 ans après Rocky IV, Dolph Lundgren retrouve son mentor Sylvester Stallone dans The Expendables, l'un des films les plus attendus des amateurs de films d'action des années 80. À 52 ans, l'homme fort suédois se trouve une nouvelle ambition.

Le temps d'une courte scène, Sylvester Stallone a réuni dans son nouveau film trois des plus grandes stars de films d'action des années 80: Arnold Schwarzenegger, Bruce Willis et lui-même. Le célèbre interprète de s'est aussi entouré pour l'occasion de quelques successeurs (Jason Statham, Jet Li), de vedettes recrutées dans le domaine du «spectacle sportif» (Randy Couture, Steve «Stone Cold» Austin), sans oublier un acteur revenu sur le devant de la scène grâce à The Wrestler (Mickey Rourke). The Expendables, un film gorgé de testostérone et conçu à l'ancienne, a aussi donné l'occasion à Sly de faire appel à l'interprète de l'un des adversaires les plus marquants de la série des Rocky: Dolph Lundgren.

«Quand Sylvester m'a téléphoné, il m'a simplement dit qu'il me ferait parvenir un scénario afin que je lui fasse part de mes impressions, raconte l'acteur d'origine suédoise au cours d'une entrevue accordée à La Presse. Dès que tu commences la lecture, tu t'aperçois immédiatement qu'il s'agit d'un script écrit par Stallone. Ça se reconnaît au style. Et à la manière très «vieille école» de raconter une histoire. Personnellement, j'adore ça. À cette étape-là, il y avait seulement Jason Statham et moi-même qui avions été approchés. Le caractère plus «spécial» du projet est survenu par la suite.»

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Lundgren s'est en effet plus tard retrouvé au beau milieu d'une bande composée de pointures du domaine. Il ne cache pas avoir parfois trouvé l'exercice intimidant.

«La plupart des films dans lesquels j'ai joué - des séries B - ne se distinguent pas particulièrement par la qualité du jeu des acteurs! , explique-t-il en riant. Quand tu arrives sur une production de l'envergure de The Expendables, tu dois te confronter à la vraie réalité. Entouré de gens que tu admires, tu ne veux pas être le maillon faible de la chaîne. Heureusement, un esprit de solidarité s'est créé entre nous et les egos ont été laissés à la porte. Pour moi, ce fut quand même un exercice d'humilité.»

De mauvais choix

Révélé par le James Bond A View to A Kill avant d'être véritablement mis au monde grâce au rôle du boxeur russe Ivan Drago que lui a offert Sylvester Stallone dans Rocky IV, Dolph Lundgren se pince les muscles encore aujourd'hui pour croire à ce qui lui arrive.

«Avec tous les mauvais choix de films que j'ai faits par la suite, je suis étonné d'être encore là! Je présume qu'il y a des admirateurs qui me suivent quoi que je fasse. Et qui me pardonnent mes moins bons coups. Cela dit, j'ai toujours fait les choses avec sincérité, sans savoir qu'elles n'étaient pas très bonnes au moment où je les faisais. J'apprends encore tous les jours.»

Malgré sa stature impressionnante, l'acteur de 52 ans est d'une nature discrète. «C'est typiquement suédois ça, fait remarquer cet ancien étudiant en ingénierie du MIT (Massachusetts Institute of Technology). Je fais plein de choses mais je ne suis pas très présent dans les médias. Je devrais peut-être m'imposer un peu plus. Je regardais Sylvester réaliser son film et je l'enviais presque de pouvoir envoyer promener comme ça les dirigeants du studio quand leurs directives ne faisaient pas son affaire. J'ai de mon côté déjà réalisé cinq longs métrages. J'ai plutôt tendance à rentrer dans le rang et à écouter ce qu'on me dit. Remarquez que mon statut n'est pas celui de Stallone non plus!»

L'ambition ne l'ayant jamais tenaillé de l'intérieur, Lundgren a toujours privilégié une approche plus ludique par rapport à sa carrière cinématographique, tout en maintenant une forme physique de haut niveau. Le karatéka, ceinture noire 3e dan, fut notamment déjà capitaine de l'équipe olympique suédoise. Il fut aussi recruté par le comité olympique américain en 1996 afin de diriger l'équipe de pentathlon.

«Le cinéma est une façon pour moi de gagner ma vie et de m'amuser, précise l'acteur. Mais ce n'est pas ma vraie vie. Les gens sont toujours surpris quand ils se rendent compte que je suis capable d'aligner deux mots correctement. Cela me frustrait auparavant mais plus maintenant. À vrai dire, je vois plutôt cette progression comme un avantage. Quand tu réalises toutes tes ambitions trop jeune, ce n'est pas sain.

«De mon côté, poursuit-il, ce n'est que tout récemment que je me suis découvert une nouvelle ambition artistique. Je compte réaliser bientôt en Suède un drame de guerre dont l'intrigue est campée pendant la Première guerre mondiale. Le scénario, écrit par des auteurs de chez nous, est remarquable. Et se situe un peu dans le style d'Eye of the Needle, un film d'espionnage avec Donald Sutherland.»

Les vieux coqs

Pour l'heure, Lundgren savoure ce retour sous les projecteurs, même si le genre de scènes auxquelles il s'est prêté dans The Expendables ne lui a pas fait de cadeau sur le plan physique. Une séquence mettant en valeur ses talents de pugiliste, dans laquelle participe aussi Jet Li, constitue d'ailleurs l'un des temps forts du film.

«Bien sûr, on aurait pu faire appel à des cascadeurs, dit-il. Mais en vieux coqs que nous sommes, personne n'osait le faire, de peur de passer pour une mauviette. Tu te retrouves alors sur une grosse moto, à pétarader comme un jeunot, en souhaitant seulement maîtriser assez bien l'engin pour ne pas gâcher la scène et t'humilier devant les autres! Comme The Expendables est un film tourné à l'ancienne, les effets sont bien réels. Les douleurs musculaires aussi!»

The Expendables (Les sacrifiés en version française) prend l'affiche le 13 août.

Les frais de déplacements ont été payés par Maple Pictures.