Fiction ou réalité? Difficile pour le spectateur qui visionne Y'en aura pas de facile de discerner le vrai du faux. Donner une impression de véracité à des situations parfois un peu tirées par les cheveux, voilà l'objectif que s'était fixé le réalisateur, scénariste et coproducteur, Marc-André Lavoie.

En fait, le cinéaste souhaite que les gens sortent de la salle en étant convaincus que les histoires racontées par Réjean, incarné par Rémy Girard, se sont réellement produites.

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Un homme qui se fait voler son portefeuille avec un billet de 6/49 gagnant à l'intérieur, un autre qui retrouve sa première blonde -qu'il cherche désespérément depuis 20 ans- sur un site d'agence d'escortes... Bref, des situations possibles qui sont à la limite du rocambolesque. Voilà ce que relate Réjean dans une vidéo destinée à un site de rencontres sur lequel il décide de s'inscrire. Mais pour ajouter à la confusion, les comédiens qui incarnent Réjean à différents moments de sa vie changent selon l'époque. Et même s'ils se glissent tous dans la peau de Réjean, ils portent des prénoms différents: Philippe (Denis Bouchard), René (Emmanuel Bilodeau), Lucien (Pierre-Luc Brillant) ... C'est à se demander si Réjean ne s'est pas servi de la vie des autres pour embellir la sienne.

«Les humains font ça tous les jours, croit Marc-André Lavoie, qui s'est inspiré de pans de sa propre vie pour écrire le scénario. On emprunte des masques à la société. Rémy se projette dans une vie qui est une partie de la sienne. On embellit la vie. On s'habille, on se fait beau, on utilise les bons mots. Si on a une date, on ne pète pas, on ne rote pas», lance-t-il sans détour pour illustrer le fait que l'homme en général tente toujours de se montrer sous son meilleur jour.

Mais parfois, certaines aventures vécues par le personnage sont plus difficiles à avaler que d'autres. Celle où l'on retrouve Réjean -qui est en fait Lucien- au début de la trentaine est en un bon exemple. Voilà que le personnage s'amourache d'une fille, Marie, en apparence peu choyée par la nature avec ses grosses lunettes, ses cheveux courts et son chandail de laine ample qu'elle porte sous sa salopette. Or, Marie, incarnée par Mahée Paiement, est en réalité une grande blonde pulpeuse qui a décidé de se déguiser pour rencontrer des hommes moins superficiels et qui seront plus intéressés par son «intérieur» que par sa poitrine.

Comment réagira Réjean-Lucien, lorsqu'il verra ce qui se cache sous les vêtements trop grands de Marie? Chose certaine, son étonnement et sa frustration sont un peu à contre-courant de l'attitude qu'aurait eu le mâle moyen. Interrogée à ce sujet, Mahée Paiement se dit convaincue que certains gars ou filles sont attirés par des gens moins avantagés physiquement mais qui ont beaucoup de charme et de charisme.

«Pourquoi tu penses qu'il y a des couples si mal assortis?, a-t-elle lancé lorsque La Presse l'a rencontrée, alors qu'elle venait à peine de faire des retouches à son maquillage. Ce n'est pas vrai que c'est plus facile pour quelqu'un qui est cute de rencontrer des gens intéressants.»

Métamorphose

Cela dit, Mahée Paiement confie qu'elle a adoré sa métamorphose pour le film. «Secrètement, toutes les actrices rêvent de se transformer», mentionne-t-elle.

La première fois qu'elle s'est «déguisée» en Marie, la réaction a été instantanée sur le plateau de tournage, raconte-t-elle. «On a ri! Et plus c'était laid, plus on tripait. Je ressemblais à mon personnage (Fanny) de Bach et Bottine

Elle a même poussé l'expérience plus loin en allant se promener dans la rue, accoutrée de cette façon. «Personne ne m'a reconnue. J'ai remarqué qu'on ne me regardait pas du tout, relate-t-elle. Les gens étaient un peu moins polis, me rendaient moins mon sourire.»

Que serait-il arrivé si elle avait enlevé sa perruque pour révéler sa longue chevelure blonde? Poser la question, c'est y répondre.