Cinéaste belge d’origine turque, Kadir Balci fait partie de tous ces fils et filles d’immigrants qui, un jour ou l’autre, sont confrontés à cette recherche d’équilibre (lorsque ce n’est pas une déchirante opposition) entre le respect des racines culturelles et l’intégration à la communauté d’adoption.

Le cinéaste reconnaît que son film Turquaze, présenté au Festival des films du monde (FFM), un premier long métrage dans son cas, est en bonne partie autobiographique. Mais attention, dit-il, ce film, qui se passe à Gand, ville où il demeure, fait autant place aux difficultés d’adaptation des immigrants qu’à leurs propres manques d’ouverture.

Ce film est-il proche de votre propre réalité ?

À la suite de mes études, je n’ai pas tout de suite commencé à faire des films. J’ai longuement réfléchi pour me rendre compte que je voulais faire un film très proche de moi et sur des choses qui se passaient autour de moi. Je vous dirais que 70 % de l’histoire est autobiographique ou inspirée d’événements vécus par des personnes proches de moi. Les 30 % restants sont fictifs.

Les questions d’immigration et d’identité sont-elles devenues universelles ?

Tous les gens qui quittent un pays ont cette croyance que l’herbe sera plus verte ailleurs. Sauf que les gens arrivent ailleurs en essayant de conserver leur identité issue de leur pays d’origine. Ils oublient de développer leur nouvelle identité. J’espère en ce sens que mon film va susciter un dialogue. Il faut que les gens (immigrants ou fils d’immigrants) arrivent à trouver un équilibre dans leur vie. Ils doivent vivre dans le présent, s’ouvrir pour tout ce qui se passe dans leur pays d’adoption.

La musique a une place centrale dans votre film. Quel sens lui donnez-vous ?

La musique crée des liens entre les gens et peut être à l’origine de changements entre eux. Dans mon film, la musique apporte une certaine cohésion sociale. Ce qu’on voit dans le film, la fanfare, est quelque chose de réel. Dans les années 1960, lorsque mes parents sont arrivés en Belgique, on accueillait les immigrants avec une fanfare. Mais aujourd’hui, les choses ont bien changé. On questionne leur place dans le pays.

À l’opposé, il y a beaucoup de silences dans votre film. Pourquoi ?

Dans la vie comme ici avec Timur, le personnage principal, les silences marquent des moments de réflexion. Avant de poser des gestes, Timur réfléchit. À l’exemple de ce qui se passe dans le film, il y a de très forts contrastes entre les silences et la musique, parfois tonitruante, qu’on entend.

 
TURQUAZE SERA PROJETÉ…

Aujourd’hui au Quartier latin (salle 16) à 14h30

Demain, 29 août, au Quartier latin (salle 16) à 19h10

Lundi, 30 août, au Quartier latin (salle 16) à 12h20