Personne ne connaît la recette d'un film à succès. En cinéma, comme dans le monde de la quincaillerie, si ça existait, tout le monde l'aurait... Le réalisateur Pascal Chaumeil est le premier étonné devant l'accueil triomphal réservé à son long-métrage, L'arnacoeur.

Plus de 3,7 millions de spectateurs français sont allés le voir et pendant trois mois, le film est demeuré sur la liste des longs métrages les plus courus. Un phénomène pour le moins étonnant pour une comédie sentimentale mettant en vedette un acteur, Romain Duris, qui n'a pas la cote de popularité d'un Danny Boon, et d'une chanteuse actrice, Vanessa Paradis, qui se tient loin des réflecteurs.

«Le film était sans doute un objet de curiosité. Les gens avaient envie de découvrir comment ce couple se débrouillait dans une comédie romantique», lance le cinéaste en guise d'explication.

L'ex-assistant de Luc Besson sur Le cinquième élément et Léon, fan des comédies américaines à la Wilder et Lubitsch, a travaillé à l'écriture de L'arnacoeur en collaboration avec Laurent Zeitoun et le scénariste américain Jeremy Doner. De ses films préférés anglo-saxons dont il admire l'efficacité narrative, Chaumeil en a conservé la même énergie, au point de convaincre la branche européenne d'Universal de financer le projet. Le studio a d'ailleurs un projet de remake pour le marché américain.

«Le film n'excitait pas beaucoup les financiers français, pas même les chaînes de télé, déplore-t-il. Il était peut-être trop atypique», croit le cinéaste. Autant de monde qui, aujourd'hui, doit s'en mordre les doigts...

Chemin moins tortueux

L'idée de faire appel à Romain Duris pour jouer le tombeur professionnel n'allait également pas de soi. «Il a eu des doutes pendant un moment. Il ne se voyait pas dans ce rôle. On en a discuté ensemble et nous avons remanié le personnage. Il lui a apporté une sorte de fragilité et d'émotion qu'il ne possédait pas au départ.»

Pour Vanessa Paradis, le cheminement a été moins tortueux. «Nous avons le même agent et il lui a fait lire le scénario avant qu'on lui demande. Ça l'a fait beaucoup fait rire. Elle a accepté tout de suite de jouer le rôle de cette fille difficile à séduire, à la fois mystérieuse et inaccessible.»

Le gag récurrent de L'arnacoeur est l'imitation impayable de Duris de Patrick Swayze dansant sur The Time of My Life, chanson-thème du très fleur bleu Dirty Dancing. Si le réalisateur convient que c'est «un truc féminin à l'eau de rose», mais qui offre au film ses moments les plus drôles et touchants, surtout lors de la chorégraphie avec Vanessa Paradis.

«Ce n'était pas l'idée originale, explique Chaumeil. Au départ, la fille raffolait des films d'horreur à la Freddy. Nous avons finalement opté pour la chanson de Dirty Dancing. Cette chanson correspondait davantage à la période de jeunesse du personnage de Juliette [Paradis] et permettait une chorégraphie sexy. Les droits d'auteur ont coûté tellement cher à obtenir qu'on a failli chercher une autre chanson. [Avec le recul], on se rend compte qu'on n'aurait jamais pu trouver mieux.»

L'arnacoeur prend l'affiche le 10 septembre.