Lauréate d'un Grand Prix spécial des Amériques pour l'ensemble de sa carrière, Nathalie Baye ne compte pas se reposer sur ses lauriers pour autant.

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Depuis le succès de Vénus Beauté (Institut) à la toute fin des années 90, la carrière de Nathalie Baye a pris un nouvel envol. D'Une liaison pornographique (Fonteyne), qui lui a valu un prix d'interprétation à Venise, jusqu'à Cliente (Balasko) en passant par La fleur du mal (Chabrol) et Le petit criminel (Beauvois), l'actrice a eu accès aux plus beaux rôles dans des films dignes d'intérêt. Non sans avoir auparavant traversé une période un peu moins féconde sur ce plan-là.

«Il est vrai que les gens ont tendance à voir le film de Tonie Marshall - Vénus Beauté - comme un point tournant, a raconté hier l'actrice au cours d'un entretien accordé à La Presse. Mais je vous dirais que dans mon esprit, il y a plutôt un «avant» et un «après» Un week-end sur deux, le premier long métrage de Nicole Garcia en tant que réalisatrice. C'est grâce à ce film - je l'ai revu récemment et il n'a pas pris une ride - qu'on a commencé à me proposer des rôles différents de ceux qu'on m'offrait jusqu'alors.»

Nathalie Baye fait partie des personnalités à qui le Festival des films du monde a rendu hommage cette année. L'actrice a beau avoir eu droit à de grands honneurs au cours de sa fructueuse carrière (dont quelques Césars), ce genre de reconnaissance lui fait toujours autant plaisir.

«Je n'essaie pas d'analyser la signification de chaque prix, dit-elle. C'est toujours quelque chose de très joyeux pour moi. Cela tient peut-être du fait qu'à l'école, je me sentais complètement nouille car je n'étais jamais dans les premières! Un prix, c'est un vrai plaisir, surtout quand il provient d'un endroit où l'on sent un véritable amour du cinéma. Cela ne m'incite pas du tout à me reposer sur mes lauriers, au contraire. Je dirais plutôt que ça aiguise mon appétit!»

Gérer les hauts et les bas

Une longue carrière étant forcément marquée par des hauts et des bas, Nathalie Baye dit avoir trouvé enrichissantes les périodes plus creuses à travers lesquelles elle est passée.

«Quand on commence une carrière avec des gens comme Truffaut et Pialat, on tend à penser que le succès est une chose normale, explique-t-elle. Or, il n'en est rien. Une belle proposition dans un beau film, c'est comme découvrir une pépite d'or. Cela tient du miracle.»

Selon celle qui fut révélée par Truffaut dans La nuit américaine, l'aspect le plus difficile de ce métier est de durer, de maintenir une carrière pendant plusieurs décennies. Et savoir gérer les succès tout autant que les périodes plus creuses.

«La popularité est difficile à maîtriser, dit-elle. Il faut apprendre à ne pas se laisser éblouir, ni céder au vertige. Je dirais que l'inverse est aussi vrai. C'est-à-dire qu'il faut savoir prendre du recul au moment où le succès n'est plus au rendez-vous. Cela ne veut pas nécessairement dire que tout est terminé pour autant, qu'on est dans un trou dont on ne sortira jamais, ou que l'on n'existe plus parce que les médias ne s'intéressent plus à nous. Ça prend aussi pas mal d'humour!»

Ayant pratiquement enchaîné les tournages au cours des dernières années, Nathalie Baye profite présentement d'une petite accalmie.

«Je n'ai pratiquement rien au programme pour l'instant car j'ai refusé pas mal de choses. En revanche, j'ai tourné récemment dans le nouveau film de Pierre Salvadori De vrais mensonges. Il s'agit d'une comédie dramatique sur les rapports entre une mère et sa fille, dont le scénario est exceptionnel à mon avis. J'ai aussi eu le plaisir de retrouver Audrey Tautou pour l'occasion. Je ne l'avais pas revue depuis Vénus Beauté. J'ai reconnu la même jeune fille qu'à l'époque. Avec sa fraîcheur, sa gentillesse. Le succès ne l'a pas du tout changée.»

De vrais mensonges prendra l'affiche en décembre en France. D'ici là, Nathalie Baye aura eu le temps de replonger dans sa vie.

«Il est important d'avoir une vie à côté et des amis qui n'ont rien à voir avec ce métier, conclut-elle. Je vais profiter de cette accalmie pour prendre un peu de recul et me recentrer un peu!»