Le Festival international du film de Toronto s'amorce ce soir avec la présentation de Score: A Hockey Musical, une comédie musicale célébrant le sport national du Canada. Ce 35e TIFF marque aussi l'inauguration du Bell Lightbox, le plus beau complexe cinématographique du pays, nouveau vaisseau amiral du TIFF qu'admireront des centaines de stars du 7e art.

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Alors que la Mostra de Venise poursuit ses activités pendant encore quelques jours, c'est aujourd'hui vers la Ville reine que convergent tous ceux qui gravitent autour de la planète cinéma. Le 35e Festival international du film de Toronto sera lancé ce soir.

Très critiquée l'an dernier pour avoir dérogé à sa règle non écrite de proposer un film canadien à la soirée d'ouverture (le film anglais Creation n'a vraiment pas laissé de grand souvenir), la direction du TIFF reprend sa tradition cette année. Au programme: Score: A Hockey Musical, une comédie musicale réalisée par Michael McGowan (Saint Ralph,One Week). Certains verront dans ce choix une certaine audace (des joueurs de hockey dansant sur la glace?); d'autres, une façon de célébrer le sport national du Canada et de fouetter le sentiment de fierté du pays avant que la «grande visite» arrive.

Même si l'une des vedettes du film d'ouverture est Olivia Newton-John, qui incarne la mère d'un jeune hockeyeur talentueux, il reste que la soirée de gala de ce soir aura une résonance essentiellement nationale. Comme une réunion de famille de nature plus intime, organisée avant que le chaos ne survienne.

Avec ses 339 productions inscrites au programme, dont 258 longs métrages, et avec, surtout, toutes les superstars du cinéma mondial que ces films entraînent à leur suite, le TIFF déploie en effet très vite son gigantisme. Particulièrement au cours du premier week-end, alors que se bousculent les productions de prestige qui tentent de se positionner pour la prochaine saison des récompenses.

On a même parfois du mal à comprendre comment l'organisation du TIFF s'y prend pour parvenir à gérer une telle circulation. De Clint Eastwood à Woody Allen, de Catherine Deneuve à Natalie Portman, ils seront tous là. Environ 500 acteurs et cinéastes, venus de Hollywood ou d'ailleurs, honoreront en effet le TIFF d'une visite. Dont Bruce Springsteen, Nicole Kidman, Robert De Niro, Uma Thurman, Colin Firth, Hilary Swank, Javier Bardem, Kristin Scott Thomas, Matt Damon, Ben Affleck, Romain Duris, Vincent Cassel, et tant d'autres.

Le cinéma québécois est aussi fort bien représenté: Les amours imaginaires (Xavier Dolan), Trois temps après la mort d'Anna (Catherine Martin), et Curling (Denis Côté) auront droit à leur première canadienne ici. Fort de ses passages à Venise et à Telluride, Incendies (Denis Villeneuve) est aussi inscrit au programme. À l'origine d'un cri (Robin Aubert) et Jaloux (Patrick Demers) sont présentés en primeur mondiale dans la Ville-Reine. Parallèlement au Festival, le marché du film tourne aussi à plein régime. C'est vrai, il se brasse toujours de grosses affaires à Toronto.

Un complexe magnifique

Le 35e anniversaire du TIFF marque aussi l'ouverture d'un complexe cinématographique extraordinaire, érigé au beau milieu du centre-ville au coût de 196 millions de dollars. Le Bell Lightbox, que certains journalistes, dont celui de La Presse, ont pu visiter hier, est à la fois une cinémathèque, un musée permanent et un lieu de formation, tout autant qu'un centre culturel haut de gamme. Il compte en tout cinq salles de cinéma, dont deux peuvent être utilisées pour différents concepts. Atom Egoyan a conçu une petite installation dans l'une d'entre elles, 8 1/2 Screens, où le spectateur est regardé par les films légendaires plutôt que le contraire. Ce complexe, dont l'inauguration officielle aura lieu dimanche, sera évidemment aussi mis à profit pendant la durée du festival.

«Il est difficile d'expliquer ce qu'est le Bell Lightbox avant que les gens ne le voient, faisait hier remarquer Piers Handling, le directeur de l'organisation. Nous avons enfin un toit, nous sommes visibles!»

La direction compte en effet sur la très grande visibilité du building, situé sur King Street West, pour attirer les Torontois et les cinéphiles de passage. Handling reconnaît l'ampleur du défi, d'autant que son objectif est d'attirer dans son antre un million de visiteurs par an.

Les quatre premiers films retenus pour lancer la saison du Bell Lightbox après la tenue du festival sont Les amours imaginaires (Xavier Dolan), Trigger (Bruce Mcdonald), Oncle Boonmee - celui qui se souvient de ses vies antérieures (Apichatpong Weerasethakul, lauréat de la Palme d'or à Cannes), et le documentaire A Film Unfinished (Yael Hersonski).

«Il n'y aura jamais de films hollywoodiens ici, prévient Piers Handling. Nous ne sommes pas du tout en concurrence avec les complexes multisalles.»

Des événements spéciaux (la projection spéciale de Métropolis avec la partition de Gabriel Thibaudeau sera reprise ici) et des expositions (dont celle de Tim Burton en novembre) auront lieu toute l'année. Les festivals de cinéma torontois plus spécialisés pourront aussi être tenus à l'intérieur du Bell Lightbox.

Les gouvernements fédéral et provincial ont investi dans la construction de l'édifice à hauteur d'environ 60 millions de dollars (35 millions de Toronto; 25 d'Ottawa). Le reste du financement provient de fonds privés et de commanditaires. Les frais d'opération sont entièrement assumés par le privé.

«Nous regardons résolument vers l'avenir et tenons aussi à former de nouvelles générations de cinéphiles, note Piers Handling. Étant une organisation à but non lucratif, notre objectif n'est pas de générer des profits.»

Ça fait rêver.