Le passage de Clint Eastwood - même très bref - au Festival de Toronto a produit son bel effet. Le légendaire acteur cinéaste, qui a soufflé ses 80 bougies il y a quelques mois, n'avait pas gratifié le TIFF de sa présence depuis une vingtaine d'années. Forcément, on se bousculait à l'entrée du vieux - et magnifique - théâtre Elgin de la rue Younge, où avait lieu l'unique présentation publique de Hereafter, son nouveau film.

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De nature discrète, l'homme ne s'est pas éternisé en longs discours. Flanqué de deux des vedettes du film, Matt Damon et Bryce Dallas Howard, Eastwood ne s'est pas lancé non plus dans une savante analyse d'un film où l'on évoque «la vie après la mort».

Écrit par l'éminent scénariste britannique Peter Morgan (The Last King of Scotland, The Queen,Frost/Nixon, The Damned United), Hereafter relate les destins parallèles de trois personnes ayant côtoyé la mort d'une façon ou d'une autre. La première est une présentatrice télé française (excellente Cécile de France) qui s'est retrouvée entre la vie et la mort au moment du tsunami en Asie. Cette entrée en matière est d'ailleurs très prometteuse, d'autant que les effets visuels sont saisissants.

À Londres, la vie d'un jeune garçon bascule le jour où son frère est victime d'un accident. Matt Damon interprète de son côté un homme ayant le don - plutôt un mauvais sort selon lui - de communiquer avec les êtres disparus. Le poids est lourd au point où il tente désormais d'ignorer cet aspect de sa personne afin d'établir des relations «normales» avec les vivants.

Le point de départ est riche. Curieusement, Eastwood verse vite dans le sentimentalisme surfait. Une trame musicale larmoyante vient tout souligner à gros traits pour atteindre des sommets dans un crescendo final ahurissant. Quand même étonnant de la part d'un cinéaste reconnu habituellement pour son approche plus sobre, même dans un contexte hollywoodien.

Eastwood s'est attaqué à un projet ambitieux et risqué, mais ne l'a malheureusement pas bien relevé. Son Babel reste à faire.

Son jour est venu

À Montréal, nous l'avons vu tout récemment dans le diptyque Mesrine. Dont il a suivi de près l'évolution du «dossier» et les problèmes survenus pour sa distribution au Québec. Vincent Cassel s'engage beaucoup dans ses projets. À Toronto, il accompagne deux films: Black Swan de Darren Aronofsky, dans lequel il incarne un chorégraphe tyrannique, et Notre jour viendra, un film étonnant (réalisé par Romain Gavras), pour lequel il porte aussi le chapeau de producteur.

Dans ce road movie non conformiste dont l'esprit évoque parfois celui des Valseuses, Cassel se glisse dans la peau d'un type pas net, pervers parfois, qui tente de faire sortir de sa misère un jeune homme rouquin ostracisé par la société. Au cours d'une entrevue accordée à La Presse, l'acteur expliquait être davantage attiré par les zones d'ombres.

«Les personnages lisses dans des films inoffensifs ne sont pas vraiment pour moi, dit-il. Plus je mûris, plus j'ai envie d'aller encore plus loin, de m'amuser. J'aime bien la perversité. C'est beaucoup plus intéressant à jouer. J'aime les films libres, subversifs même.»

Méticuleux dans ses choix, l'acteur aura un programme bien chargé au cours des prochains mois. Il prêtera en outre son talent à des cinéastes dont les films ne sont habituellement pas «tièdes». Vincent Cassel est de la distribution de A Dangerous Method, le film qu'a récemment tourné David Cronenberg, de même que de celle de Le Moine, un thriller gothique réalisé par Dominik Moll (Harry, un ami qui vous veut du bien). Il tournera aussi bientôt au Brésil, sous la direction de Kim Chapiron, une comédie romantique dont la vedette féminine n'est nulle autre que sa compagne Monica Bellucci.

- Une comédie romantique?

- Oui, mais Kim Chapiron est un réalisateur très éclectique qui peut passer de l'horreur à la Sheitan au drame carcéral à la Dog Pound. On peut s'attendre à tout!»