Pratiquement tous les événements attendus ont eu lieu et l'atmosphère est beaucoup plus calme au TIFF. Les conférences de presse se font plus rares; les vedettes aussi. L'ouragan est passé. Profitons-en pour revenir sur certains faits saillants des derniers jours.

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On a beau tout prévoir, disposer d'une machine bien huilée et réglée au quart de tour, des imprévus surgissent, souvent pour le plus grand malheur des cinéastes. Atom Egoyan a pensé mourir à Cannes le jour où il a fait les frais d'une projection désastreuse sur le plan technique. Cette année à Toronto, Guillaume Canet a subi le même sort.

C'était samedi après-midi, lors d'une projection de gala de son nouveau film Les petits mouchoirs au chic Roy Thomson Hall. Avec invités venus du Toronto d'en haut. Quelques minutes avant le début de la séance, alors que la salle est déjà pleine, on s'aperçoit trop tard que le projecteur ne peut lire les sous-titres anglais, impératifs ici il va sans dire.

«J'ai dû monter sur scène et faire une annonce très douloureuse, a expliqué Guillaume Canet. Juste au moment où je contemplais le suicide, une solution s'est pointée grâce à Danny Boyle. Il a gentiment accepté que la projection de son film, prévue à la même heure dans un autre complexe, soit déplacée dans une salle plus petite de façon à permettre aux invités ne comprenant pas le français de voir mon film quand même. Ce genre d'histoire déprime au départ, mais, curieusement, rend les choses plus excitantes par après!»

Évidemment, un chaos monstre a été provoqué au Cinéma ScotiaBank. Les professionnels s'étant pointé le bout du nez pour la projection de 127 Hours ont dû faire le pied de grue.

«Je dois une fière chandelle à Danny, ça c'est sûr!» a déclaré Guillaume Canet, un acteur que Boyle a dirigé il y a quelques années dans The Beach. Il semblerait par ailleurs que certains spectateurs torontois auraient aussi ressenti des malaises en visionnant la dernière partie de 127 Hours. À Telluride, où la première mondiale du film a eu lieu, on avait compté quelques évanouissements. 127 Hours n'est pourtant pas un film d'horreur...

Deneuve se souvient

Le cinéma français ayant perdu deux cinéastes coup sur coup, Alain Corneau et Claude Chabrol, Catherine Deneuve a bien voulu plonger dans ses souvenirs lors d'un entretien accordé à quelques journalistes québécois.

«C'est assez cruel, a-t-elle dit. Et ça marque le temps qui passe. Je crains que ce genre de mauvaises nouvelles tombe assez régulièrement, malheureusement. Parce que les acteurs, les cinéastes qu'on aime vieillissent comme tout le monde. Je deviens assez mélancolique quand on m'annonce ces disparitions. Ce sont des gens que j'ai connus il y a très longtemps et que j'aime beaucoup.

«Je n'ai jamais tourné avec Chabrol, mais j'avais remplacé sa femme Stéphane Audran le temps d'une scène avec Francis Blanche dans Les plus belles escroqueries du monde. Il lui fallait une femme enceinte, et Stéphane avait accouché quelques jours plus tôt. Étant moi-même enceinte à l'époque, je l'ai remplacée.

«Quant à Alain, j'ai tourné deux films avec lui (Le choix des armes et Fort Saganne). Je l'ai vu il y a peu de temps. Il était alors en rémission, et nous espérions un miracle. Ça s'est dégradé très rapidement ensuite. C'est très triste. Je suis très liée à sa femme Nadine Trintignant.»

Le mystère «Barney»

À Toronto, bien des observateurs s'interrogent à propos de la sélection de Score: A Hockey Musical, une très mauvaise comédie musicale, en guise de film d'ouverture. Un autre film canadien-anglais, Barney's Version de Richard J. Lewis, aurait certes pu remplir le mandat avec infiniment plus d'élégance. D'autant plus que le producteur de l'adaptation cinématographique du dernier roman de Mordecai Richler, Robert Lantos, entretient depuis toujours des liens très étroits avec le TIFF.

Or la première mondiale de Barney's Version a eu lieu à la Mostra de Venise, où il était inscrit en compétition officielle, et Toronto a dû se résigner à le présenter quelques jours plus tard.

La Presse a appris que la direction du TIFF souhaitait ardemment présenter Barney's Version, dont l'intrigue est campée dans un milieu juif montréalais, à sa soirée d'ouverture. Le producteur Lantos a toutefois refusé. Le jour de l'ouverture du TIFF coïncidait en effet cette année avec la fête juive du Roch Hachana. Une date plus éloignée a donc été choisie pour la première nord-américaine.

Voilà bien la preuve que toutes sortes de considérations entrent en ligne de compte dans la composition d'un programme.