Dans À l'origine d'un cri, les hommes parlent peu. Ils refoulent. Jusqu'au jour où tout déborde. Film de haine? Film d'hommes? Film d'amour, réplique son réalisateur Robin Aubert qui, au fond, voulait savoir d'où il venait. Déjà sélectionné dans quatre festivals, ce long métrage percutant prend l'affiche vendredi au Québec.

La toute première scène du film À l'origine d'un cri est insoutenable. Pourtant, on n'y voit qu'un aquarium. C'est ce qu'on ne voit pas mais qu'on entend qui nous plonge dans l'inconfort.

«J'avais le goût de placer le spectateur comme s'il était l'enfant, incapable de sortir de l'impasse», raconte le réalisateur Robin Aubert à propos de cette séquence. «L'aquarium nous introduit au film en nous disant qu'on va être pris entre quatre murs.»

Il poursuit en apportant des nuances: «C'est comme si le spectateur entrait dans un aquarium au début du film et tranquillement, il sort la tête pour rire un peu et revenir sous l'eau. À la fin, pour moi, la lumière et l'espoir apparaissent. La rédemption commence.»

Sortir la tête hors de l'eau, sortir du huis clos de l'aquarium, voilà le chemin emprunté par le réalisateur pour raconter que dans cette famille, l'amour cherche sans arrêt une issue, une porte de sortie pour s'exprimer. Car amour il y a.

Rien comme la famille

À l'origine d'un cri raconte l'histoire de trois hommes: un grand-père, un père et un fils dont les chemins, longtemps parallèles, vont converger le jour où le père (Michel Barrette), incapable de se consoler de la mort de sa conjointe, vole son cadavre.

Réunies à l'intérieur d'une maison alors que les hommes sont restés dehors (ce qui évoque les traditions iroquoiennes de la société matriarcale et de la maison longue), les femmes du clan somment le fils (Patrick Hivon) d'aller chercher son grand-père (Jean Lapointe) à la maison de retraite pour retrouver le père.

S'ensuit un incroyable road movie, où les séquences du père en cavale avec le cadavre de sa conjointe alternent avec celles du petit-fils et du grand-père réunis malgré eux et qui en profitent pour régler leurs comptes.

Un film de famille, certes. Une quête d'identité. Comme c'était le cas avec ses films précédents, Saints-Martyrs-des-Damnés et À quelle heure le train pour nulle part. Robin Aubert en convient.

Pour lui, tout est parti de son (vrai) grand-père qui a tenu un hôtel dans le village de Ham-Nord. Hôtel fréquenté par les grands noms de la chanson country et western et où la bière Dow coulait à flots.

«J'avais envie de savoir d'où je venais, à qui j'appartenais comme personne, dit Aubert. Je me suis dit qu'en écrivant cela, j'allais peut-être le comprendre. Mais c'est aussi un hommage à mon grand-père, à ma famille que j'aime plus que tout. Pour moi, c'est une manière de dire que je les aime.»

S'il est vrai qu'il était proche de son grand-père, s'il est vrai que son père a perdu sa seconde femme, là s'arrêtent les références tirées de la réalité. Et là commence la fiction.

«Pour moi, ce n'est pas un film sur la haine ou sur le rapport entre hommes, poursuit Aubert. C'est un film sur l'amour. Le père a perdu sa femme. Le fils est en quête de l'amour. Le grand-père a connu et perdu l'amour mais il en accepte les répercussions. Les trois hommes ont un rapport très fort avec l'amour. Au fond, je m'aperçois que j'ai fait ce film-là pour les gens. En écrivant quelque chose de personnel, j'ai peut-être créé mon film le plus accessible.»

Dans le processus d'écriture, Robin Aubert fait un premier jet très brut de son sujet. «Je «pitche» mes films comme une roche qu'on lance dans un lac, donne-t-il en exemple. Après, je le tricote visuellement. J'apporte la part évocatrice, la part symbole.»

Ainsi, dans ce film, les chambres d'hôtel passent du gris pâle au noir. «Le spectateur ne le voit pas mais la cornée le sait, dit Aubert. Elle voit que les chambres s'assombrissent. Aussi, les gens sont habillés de la même façon que leurs voitures. Et toutes les teintes sont ambrées, comme la bière, sauf la couleur de la robe de Louange (la défunte), rouge comme le feu.»

Comme bien d'autres, il évoque l'écriture comme un grand moment de solitude. Quoique... «On n'est pas tout seul car on donne vie à des personnages, expose-t-il. On sculpte des gens qui existent à côté de nous et nous côtoient à tous les jours.»

Évidemment, vient un jour où il est heureux d'aller à la rencontre des comédiens qui vont se glisser sous la peau des personnages. D'ailleurs, pour ce film, la rencontre a été exceptionnelle.

«J'ai senti que les choses que j'ai écrites avec mes tripes, les comédiens ont réussi à les imprimer sur la pellicule après avoir cherché en eux-mêmes des émotions qu'ils ont vécues, conclut le réalisateur. Une telle rencontre entre personnages et acteurs est rare. C'est ma fierté avec ce film-là.»

Tricotage visuel

Dans le processus d'écriture, Robin Aubert fait un premier jet très brut de son sujet. «Je «pitche» mes films comme une roche qu'on lance dans un lac, donne-t-il en exemple. Après, je le tricote visuellement. J'apporte la part évocatrice, la part symbole. « Ainsi, dans ce film, les chambres d'hôtel passent du gris pâle au noir. «Le spectateur ne le voit pas mais la cornée le sait, dit Aubert. Elle voit que les chambres s'assombrissent. Aussi, les gens sont habillés de la même façon que leurs voitures. Et toutes les teintes sont ambrées, comme la bière, sauf la couleur de la robe de Louange (la défunte), rouge comme le feu. « Comme bien d'autres, il évoque l'écriture comme un grand moment de solitude. Quoique...

«On n'est pas tout seul car on donne vie à des personnages, expose-t-il. On sculpte des gens qui existent à côté de nous et nous côtoient à tous les jours. «

Évidemment, vient un jour où il est heureux d'aller à la rencontre des comédiens qui vont se glisser sous la peau des personnages. D'ailleurs, pour ce film, la rencontre a été exceptionnelle.

«J'ai senti que les choses que j'ai écrites avec mes tripes, les comédiens ont réussi à les imprimer sur la pellicule après avoir cherché en eux-mêmes des émotions qu'ils ont vécues, conclut le réalisateur. Une telle rencontre entre personnages et acteurs est rare. C'est ma fierté avec ce film-là.»

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