2 frogs dans l'Ouest a tout d'un docu-réalité: la quête d'identité, le long périple avec le sac sur le dos, la jobine dénichée dans un hôtel ou un restaurant, les montagnes, la fête, la bière, le pot et même la légendaire Westfalia. Ce long métrage de Dany Papineau réunit tous les ingrédients pour faire le récit typique d'une jeune femme qui cherche sa voie et décide de prendre la route de Whistler. Une longue traversée vécue depuis des lunes par bon nombre de Québécois.

Si certains ont l'impression que le jeune réalisateur de 36 ans, dont c'est le premier long métrage, a utilisé tous les clichés possibles et inimaginables pour mettre en scène l'histoire de Marie, le principal intéressé, interrogé lors d'une rencontre avec les médias, s'en défend bien.

«Je ne voulais pas faire un film cliché, de fumage de pot à la Cheech et Chong. Je voulais que ça représente le trip de A à Z, de partir du Québec, de traverser. J'ai l'impression d'avoir fait la version Walt Disney de ce qui se passe là-bas», lance-t-il sans hésitation.

Au grand écran, Dany Papineau est convaincu qu'il présente une image moins «trash» du quotidien de ces aventuriers un peu perdus. Et il sait de quoi il parle, puisqu'il a vécu deux ans à Banff et six ans à Vancouver.

Dans le scénario de 2 Frogs, Marie - incarnée par Mirianne Brûlé, la Sélina de Ramdam, âgée de 20 ans, abandonne le cégep et quitte son Granby natal, pour aller apprendre la langue de Shakespeare dans l'Ouest. En raison de son anglais boiteux, elle se fait vite remarquée par Jean-François (Dany Papineau), l'un des nombreux Québécois de l'endroit. De fil en aiguille, elle trouve un toit dans un superbe chalet en bois rond, qu'elle partage avec trois autres colocataires qui semblent faire la vaisselle une fois tous les trois mois.

Dans la «vraie vie», le même chalet aurait dû abriter une douzaine de personnes, souligne le réalisateur. L'endroit où ils ont tourné est réellement habité par 12 jeunes adeptes de planche à neige. Ceux-ci occupaient les lieux pendant le tournage!

«C'était trash, vraiment trash, décrit Dany Papineau. Il y avait des cendriers partout... On arrivait le matin, ils fumaient tous déjà du pot. Ce qu'on voit à l'écran, c'était leurs restants de party de la veille.»

Autre preuve, selon le réalisateur, que le film présente une version plus proprette: un seul des personnages fait l'usage de la marijuana. Il souligne qu'en réalité, montagne et pot sont quasi indissociables chez plusieurs de ceux qui vont s'installer momentanément sur cette terre promise.

Les moyens du bord

Malgré quelques «adoucissements», les artisans du film ont néanmoins eu l'impression de plonger dans l'univers de ces backpakers. Petit budget oblige. Lorsque l'on fait un film avec 250 000$ en poche, impossible de défrayer les coûts d'un hôtel cinq étoiles au pied de la montagne pour l'équipe de tournage... Dany Papineau n'a pas fait son film grâce à l'aide des institutions - la SODEC a versé un maigre 20 000$ en développement - mais plutôt grâce à la solidarité familiale. En fait, ce sont le père, la soeur et l'ami du réalisateur qui ont pris des risques en investissant dans le projet. Le producteur, Jacques Roiseux, a également mis la main dans sa poche. Dans ces conditions, le réalisateur s'estime choyé d'avoir dans sa distribution les comédiens Germain Houde et Diane Lavallée, qui incarnent les parents de Marie.

«On était cassés. On n'avait pas d'argent, raconte Dany Papineau. On s'est loué un chalet. On était 20. C'était le line up pour les douches le matin. Le soir on arrivait, on buvait du vin et on faisait le party. Ça été le lifestyle.»

Devant toutes ces contraintes, pourquoi s'accrocher à l'idée de réaliser le film? «C'est une histoire personnelle, répond le jeune cinéaste. J'ai vécu ça. Dans notre société, on est très poussés à finir nos études, à aller au cégep, à l'université. (Même si certains ne sont pas heureux), ils restent à l'école parce qu'ils sont pognés dans ce système-là. Trouver ta passion, c'est vraiment ça le message.»