Le président de la SODEC, François Macerola, souhaite voir le Québec augmenter ses ententes de coproduction avec les autres provinces dans le domaine culturel.

«Ce qui m'intéresse beaucoup est d'être capable d'aller du côté des provinces. J'aimerais que le Québec prenne un certain leadership afin que l'on puisse éventuellement travailler en symbiose avec des provinces», a indiqué M. Macerola au cours d'une entrevue accordée à La Presse la semaine dernière à Namur, où avait lieu le Festival international du film francophone.

Il prend l'exemple du film Le monde de Barney, coproduction Québec-Ontario inspirée du roman de Mordecai Richler qui prendra l'affiche le 19 novembre au Québec.

«Présentement, nous sommes aussi dans un projet de coproduction avec le Manitoba et un autre avec le Nouveau-Brunswick, dit M. Macerola. Au-delà de ce que le fédéral et Téléfilm Canada peuvent faire, je pense que nous pourrions jouer un rôle de catalyseur des énergies des provinces.»

Évidemment, lorsqu'on parle de coproductions, on pense tout de suite au cinéma et à la télévision. Mais la vision de François Macerola est plus large. «Il faudra tranquillement s'ouvrir, dit-il. La coédition de livres est une autre forme de coproduction. Sur le plan de la musique, il y a aussi de la coédition. Avec les provinces, il serait intéressant de voir s'il y a de l'intérêt. Nous menons une étude là-dessus.»

Ce n'est pas la première fois que la SODEC parle de miser sur la coproduction. Mais le fait de se tourner vers les autres provinces canadiennes est plus nouveau dans le discours de M. Macerola.

«Mon discours se raffine et je sais où je veux aller en coproduction. Je veux d'abord revoir les traités existants afin d'évaluer s'ils répondent toujours à nos besoins. Ensuite, je veux parler d'ententes administratives avec certains pays et, en troisième lieu, je veux qu'on en fasse plus en matière de coproduction avec les provinces.»

La SODEC peut signer des ententes administratives, par exemple des accords sur des questions de distribution sur un territoire entre deux partenaires. Les traités avec les autres pays sont toutefois du ressort du fédéral et de Téléfilm Canada.

Préserver l'identité de l'oeuvre

Les ententes de coproductions permettent aux producteurs et aux créateurs d'avoir accès à plus de fonds, affirme le président de la SODEC. «Vous avez ainsi accès aux crédits d'impôt de deux provinces au lieu d'une seule», défend-il.

Par contre, la coproduction peut devenir un cauchemar lorsqu'elle est mal administrée. Fort de sa longue expérience dans le domaine culturel (il a entre autres été président de Téléfilm), François Macerola estime qu'il faut éviter de dénaturer les projets.

«Il faut utiliser la coproduction pour ce qu'elle est, à savoir un outil financier. Je me souviens d'une époque où la coproduction était vue comme une fin en soi. Cela nous donnait un cinéma édulcoré, qui n'avait pas de nationalité. Et nos films ne fonctionnaient ni ici ni ailleurs. Le meilleur moyen que notre cinéma soit aussi populaire chez nous qu'ailleurs est d'être très profondément québécois. Il doit décrire notre réalité.»

Au Québec, le nombre de coproductions avec les autres provinces et pays s'est maintenu dans les dernières années, estime M. Macerola.