«Il faut réagir vite!»: Harrison Ford, engagé dans la protection de la biodiversité depuis des années, met en garde contre une absence de réaction qui pourrait mettre en péril les fragiles équilibres de la vie sur Terre.

«Ce qui est en jeu, c'est la capacité de la nature à rendre des services à la communauté humaine» explique l'acteur américain, 68 ans, dans un entretien à l'AFP.

«Des écosystèmes intacts fournissent de l'eau propre, de l'air respirable, des sols sains, permettent d'assurer le renouvellement de nos ressources alimentaires et sont le terreau de ressources génétiques d'où l'on peut tirer des médicaments», souligne-t-il à Nagoya, dans le centre du Japon, où les 193 pays membres de la Convention sur la diversité biologique (CBD) sont réunis depuis dix jours.

«Nous devons créer un sens de l'urgence, aider les gens à comprendre que même s'ils ne le voient pas toujours dans leur vie quotidienne, les effets (de la disparition accélérée des espèces) sont partout et qu'il faut réagir vite», ajoute l'acteur d'Indiana Jones.

Celui qui, en 2008, s'était épilé le torse à la cire dans une publicité pour dénoncer la déforestation des forêts tropicales, siège depuis 20 ans au conseil d'administration de Conservation International.

Un objectif lui tient à coeur plus que tout autre: l'élargissement des aires protégées à travers la planète.

??ce jour, 13 % de la surface totale de la terre et un peu moins de 1 % de la surface totale des océans font l'objet d'une forme de protection. Selon les calculs de CI, il faudrait, pour être efficace, faire passer ces chiffres à 25 % pour la terre et 15 % pour la mer, d'ici 2020.

Ces chiffres font l'objet d'âpres négociations à Nagoya. Aucun accord n'avait été trouvé sur ce point mercredi. Une proposition intermédiaire (20 % pour les terres, 10 % pour les mers), mise sur la table pour parvenir à un compromis, a été rejetée en début de semaine par plusieurs pays dont la Chine et l'Inde.

«Nous sommes à un point de basculement, nous devons prendre des décisions courageuses et décisives», répond l'acteur américain, espérant qu'un accord ambitieux sera trouvé d'ici vendredi soir et soulignant l'importance d'un accord mondial.

«Nous faisons tous de petits efforts dans nos vies, et cela compte bien sûr, mais nous devons vraiment changer d'échelle et cela ne peut se faire qu'à travers des engagements internationaux», estime-t-il.

La star américaine espère que son pays, l'un des seuls de la planète à n'avoir pas ratifié la Convention sur la diversité biologique, finira pas le faire sous la pression de l'opinion publique.

Lorsqu'on lui suggère d'allier son engagement - la défense de la nature - à son métier - le cinéma - il balaie catégoriquement l'idée.

Si un documentaire, comme celui d'Al Gore sur le réchauffement climatique (Une vérité qui dérange) peut être instructif - «c'est pédagogique, cela marche bien» - la fiction n'a pas sa place, juge-t-il.

«Le cinéma, c'est du divertissement. Nous pouvons bien sûr toucher les gens émotionnellement, mais les solutions aux problèmes environnementaux sont tellement complexes...»

«Je ne suis tout simplement pas du tout sûr que le business du cinéma, tourné vers la recherche du profit, soit le bon endroit pour s'attaquer à ces questions».