Loin des bidonvilles de Slumdog Millionaire, le Britannique Danny Boyle a présenté jeudi à Londres 127 Hours, un thriller psychologique et hyperréaliste retraçant l'histoire vraie d'un randonneur piégé dans une crevasse qui doit son salut à l'autoamputation.

En mai 2003, l'Américain Aron Ralston, alpiniste expérimenté, glisse dans une crevasse du canyon de Blue John, dans l'État américain de l'Utah. Dans sa chute, il emporte un rocher qui finit sa course sur sa main droite, bloquant le randonneur au fond de l'étroit canyon, en plein désert.

Pendant plus de cinq jours, 127 heures exactement, il déploiera vainement des trésors d'ingéniosité pour tenter de se dégager. Il n'a pas de téléphone portable. Il n'a dit à personne où il allait. Et au bout de quelques jours, il en est réduit à boire sa propre urine. La soif, la faim et la fatigue le font délirer. Se sachant condamné, il enregistre sur sa caméra vidéo un message d'adieu à ses parents, tandis que les meilleurs moments de sa vie défilent devant ses yeux.

L'instinct de survie sera cependant le plus fort: cet avant-bras qui le condamne à une mort lente, il décide de l'amputer. Mais, à défaut du couteau suisse qu'il a laissé chez lui, il ne peut compter que sur un canif rudimentaire «Made in China». Son os, il devra le briser, et il n'arrivera à cisailler le membre qu'après un long travail, qui s'apparente plus à de la boucherie qu'à de la chirurgie.

??la vue de ces détails crus et très visuels, des personnes s'étaient évanouies dans la salle, lors de la présentation nord-américaine du film au Festival de Toronto, en septembre dernier.

«Nous avions la responsabilité, à l'égard d'Aron, de coller à ce qu'il a effectivement vécu», se justifie le scénariste Simon Beaufoy.

Avec 127 Hours, Danny Boyle pousse encore plus loin le réalisme de Trainspotting (1996), qui suivait des héroïnomanes dans un quartier défavorisé d'Édimbourg, et de Slumdog Millionaire (2008), qui racontait les aventures d'un enfant des bidonvilles devenu riche grâce au jeu Who Wants to be a Millionaire?. Ce long métrage avait valu à Danny Boyle la consécration internationale, et huit oscars (dont le meilleur film et le meilleur réalisateur).

Danny «cherche vraiment à relever les défis, à sortir de sa zone de confort. Cela lui permet de faire un film différent à chaque fois», explique James Franco, le Harry Osborne de la trilogie des Spiderman, qui incarne Aron Ralston avec une efficacité qui pourrait lui mériter un oscar d'interprétation, selon les critiques.

«Aron avait accepté sa mort et il ne savait pas que tout cela se terminerait bien», rappelle-t-il.

Mais dans cette oeuvre qui pourra sembler noire, Danny Boyle y voit poindre un certain optimisme: «c'est très dérangeant mais cela va beaucoup plus loin. Il revient à la vie. C'est comme une naissance», estime le réalisateur, soulignant que le héros émerge de la crevasse en homme meilleur, moins égoïste et plus humain que ce qu'il était auparavant.

Quant à l'autoamputation, «nous le ferions tous», assure Danny Boyle. «Et si on n'avait pas de couteau, on arracherait notre bras avec les dents».

127 Hours, présenté jeudi soir en première européenne pour la clôture du Festival du film de Londres, sort le 5 novembre aux États-Unis, le 7 janvier au Royaume-Uni et à une date ultérieure non encore fixée en France.