«Si je crains des poursuites? Si Karl Rove nous poursuivait, ce serait la meilleure publicité que le film puisse avoir... et comme il est très bon stratège, il ne le fera pas!» dit en riant Doug Liman. En fait, il sait que le sujet de Fair Game est très documenté. Tous les artisans du film et lui se sont fait un point d'honneur «de rester fidèle aux événements tels qu'ils sont connus publiquement, à travers les dossiers présentés en cour et les témoignages entendus durant les procès».

Le réalisateur de The Bourne Identity et de Mr. and Mrs. Smith connaissait le «Plamegate» bien avant de lire le scénario de Jez et John-Henry Butterworth. Mais c'est en le lisant qu'il est «tombé amoureux de Valerie et Joe». Le scandale, la trahison venaient de prendre un visage humain. De s'incarner. «Quand je me suis lancé dans cette aventure, je n'ai pas pensé faire un film politique mais, avant tout, l'histoire d'un couple contre lequel la Maison-Blanche s'est déchaînée.»

C'est pour cela que, à titre de libéral démocrate, il insiste quand même sur le fait que Fair Game n'est pas une croisade contre le gouvernement Bush, mais une dénonciation des abus commis par la Maison-Blanche, «qui est toujours là, à ce que je sache». Bref, il est clair pour lui que si les événements qu'il relate dans le film s'étaient produits au cours des dernières années, alors que Barack Obama était au pouvoir, il aurait quand même raconté l'histoire de Valerie Plame et Joe Wilson.

Parce que cette histoire l'a fait frémir et que, pour lui, il faut qu'elle soit dite. Qu'elle soit connue du plus grand nombre. Quoi de mieux, pour ce faire, que le cinéma? À condition d'avoir des acteurs à la «hauteur» du couple véritable. Sean Penn et Naomi Watts ont toujours été ses premiers choix.

>>>>Lisez Naomi Watts: l'intégrité dans la ligne de mire

Du premier, il dit qu'il est l'un des plus grands acteurs. «Vivants ou morts», ajoute Naomi Watts. Quant à cette dernière, Doug Liman savait qu'elle serait capable «d'avoir ce qu'il faut pour susciter l'empathie afin qu'on désire la suivre dans son périple et, en même temps, de conserver cette façade que possède Valerie Plame». Pour maintenir cette façade, l'actrice ne pouvait se rabattre sur les «trucs du métier» que sont les crises, les larmes, les grands épanchements.

«Vous savez, ajoute le réalisateur, Valerie était parmi les plus secrets des agents secrets. Le gouvernement dépense des millions de dollars pour former ces espions, pour leur fabriquer une identité secrète. Dans son cas à elle, ils l'ont envoyée dans une école de commerce et ont tout fait pour effacer tout lien trouvable entre la CIA et elle.»

Et un jour, vint cette décision de tout démolir. Sauf que l'espionne était allée à la bonne école. Et n'était pas de celles que l'on brise.

Fair Game prend l'affiche le 5 novembre.

Les frais de voyage ont été payés par E1/ Les Films Séville.