La Dolce Vita, le chef-d'oeuvre mythique sorti en salles en 1960, fête son anniversaire avec une exposition à Rome sur l'univers de son réalisateur, Federico Fellini, et une opération de restauration de la copie du film, qui avait pris quelques rides.

Tourné en 1959, La Dolce Vita ne se limite pas à sa scène la plus connue, qui montre la blonde Anita Ekberg, en robe-fourreau noir, invitant Mastroianni d'un langoureux «Marcello» à la rejoindre pour un sensuel bain de minuit dans la fontaine de Trevi. Ce film a entraîné une véritable révolution du cinéma.

«Dans mon esprit, il y a un avant et un après La Dolce Vita. Ce film brise les règles», a commenté le réalisateur américain d'origine italienne Martin Scorsese, à l'occasion de la projection samedi au festival de Rome de la version restaurée du film.

«Il n'y a pas d'histoire, pas d'intrigue et pourtant le film dure trois heures (...) Jusque là, dans les années 50 la plupart des films étaient des spectacles (Ben Hur, Spartacus...)», a rappelé le cinéaste, dont la fondation, «The Film Foundation», a financé une partie de la restauration.

La Dolce Vita, composé d'une série d'épisodes en apparence déconnectés, suit les pérégrinations de Marcello Rubini (Marcello Mastroianni), un jeune provincial aux aspirations littéraires devenu chroniqueur dans un journal à sensations.

Malgré son apparence décousue, le film, Palme d'or au Festival de Cannes, offre une réflexion sur le mariage et la famille, la foi, les exigences de l'intellect et la facilité de l'hédonisme.

Un constat qui devient une évidence au vu de l'exposition «Labirinto Fellini» («Labyrinthe Fellini»), qui souligne toute la complexité du fantasque cinéaste.

Photos, extraits et décors de films, dessins et sculpltures explorent l'usine à rêves de Federico Fellini (1920-1993): outre La Dolce Vita, on replonge dans Casanova, Roma, Huit et demi et Satyricon.

Conçue par le scénographe Dante Ferretti sur plus de 3000 mètres carrés dans les anciens abattoirs de Rome, l'exposition propose une excursion surprenante à Suburre, le quartier malfamé de la Rome antique: dans de petites salles peintes de fresques souillées de graffiti sont projetées des extraits du Satyricon.

Bordels hantés de femmes plus que plantureuses, maquillages outranciers et gestes obscènes: on s'y croirait!

Un peu plus loin, deux costumes du «Casanova» incarné par Donald Sutherland voisinent avec la version géante de la photo icône des photographes voraces attendant l'arrivée de la star de La Dolce Vita à sa descente d'avion.

C'est d'ailleurs l'un des personnages du film, le photographe Paparazzo, qui donnera son nom à cette profession emblématique d'une révolution du monde l'information et du spectacle.

Les carnets de dessins, les affiches d'époque et les photos de tournages montrent à quel point l'univers de Fellini, qui aurait fêté cette année ses 90 ans, n'a pas pris une ride.