Imaginons un peu que, dans un film de superhéros, le méchant ait, un jour, raison du gentil. Qu'arriverait-il à Lex Luthor après avoir tué Superman, par exemple? Megamind offre une réponse, animée et, bien sûr, en 3D, à la question.

À l'origine du scénario de Megamind de Tom McGrath, des questions intrigantes. «Que se passerait-il avec Lex Luthor s'il parvenait à vaincre Superman une bonne fois pour toutes et avec le Joker s'il réglait définitivement le cas de Batman? Et qu'arriverait-il si Lois Lane et Lex Luthor s'apercevaient qu'ils avaient plus en commun entre eux qu'avec Superman?» demandait le réalisateur lors d'une conférence de presse tenue à Los Angeles.

C'est sur ces filons qu'ont travaillé les scénaristes Alan Schoolcraft et Brent Simons, avant de confier leur travail à celui qui a tenu la barre des deux Madagascar (où il est aussi la voix originale du pingouin Skipper).

L'histoire, donc, est celle de deux bébés extraterrestres envoyés in extremis vers la Terre par leurs parents respectifs, au moment où leurs planètes vont exploser. Il y a le beau brun façon Superman. Il y a le maigrichon couleur bleuet à tête disproportionnée façon... personne d'autre. Le premier atterrit dans une famille aisée. Le second, dans une prison. Le premier portera le nom de Metro Man et deviendra le défenseur de la veuve et de l'orphelin, l'idole de Metro City. Le second, appelé Megamind et possédant une intelligence redoutable, se vouera au mal et incarnera l'ennemi juré de l'homme en blanc. Entre les deux, rapportant les exploits de l'un et les méfaits de l'autre, une journaliste à l'esprit vif, Roxanne Ritchi.

Un triangle qui fonctionne bien jusqu'à ce que l'impossible se produise: Megamind terrasse Metro Man. Après? Heu... Il n'a jamais pensé à «l'après». Tom McGrath et ses scénaristes l'ont fait à sa place.

«Megamind, c'est l'histoire du conflit entre le bien et le mal vu sous l'angle «Qu'est-ce qui nous pousse à choisir l'un plutôt que l'autre?» C'est aussi une histoire qui dit que peu importe le nombre de mauvais choix que vous avez faits, il n'est jamais trop tard pour changer. Enfin, c'est une histoire de rédemption qui dit combien avoir un ennemi juré nous permet de forger notre personnalité», résume le réalisateur qui ne cache pas son amour des méchants - en fiction, s'entend: «Pensez à Darth Vader, au Capitaine Crochet. Ils ont toujours l'allure la plus originale, ils possèdent les gadgets les plus cool, les costumes les plus frappants, les personnalités les plus intéressantes.»

Parlant personnalités, celles qui incarnent vocalement les personnages principaux dans la version originale de Megamind sont de grandes pointures: Will Ferrell campe le rôle titre - «Je lui ai donné l'accent de quelqu'un qui se croit important. Le résultat sonne un peu Britannique», pouffe le comédien. Tina Fey incarne Roxanne, - et, comme son personnage, elle finirait par choisir Megamind plutôt que Metro Man, «parce qu'il est plus petit que moi, j'aime cette impression de dominer». Brad Pitt (absent de la conférence de presse) se glisse dans les cordes vocales (musclées) de Metro Man et David Cross s'en donne à coeur joie dans la peau de Minion, le bras droit (même s'il n'a que des nageoires) de Megamind.

Pour enrober leurs aventures, une trame sonore signée Hans Zimmer, «oui, celui-là même qui a signé la musique d'à peu près tous les films de superhéros du siècle dernier», rigole Tom McGrath. «Et je pense qu'il a aimé l'expérience parce que, tout en respectant les règles du genre, il avait à accompagner une histoire moins sombre et dramatique que celles des films de superhéros habituels. Ici, il pouvait se concentrer sur le charme, le coeur et l'humour du film. Il a eu à faire travailler d'autres muscles.»

Et puis, suivant lui aussi les règles du genre, le réalisateur multiplie dans Megamind les références visuelles à la culture pop. Ainsi, vocalement bien servi par Will Ferrell, le «Space Dad» de Metro Man, «qui ressemble plus à Ted Kennedy qu'à Marlon Brando», reconnaît le réalisateur, s'exprime toutefois comme le Jor-El de Superman et le Don Carleone de The Godfather. Le résultat est hilarant. «Quand on a essayé ça, ça riait si fort dans le studio qu'on ne comprenait même plus les répliques. J'ai su que ce serait bon», fait Tom McGrath.

Lequel a aussi profité de l'expérience de DreamWorks Animation avec le 3D - How to Train Your Dragon émane aussi de ce studio - pour faire de son film une expérience plus immersive, «mais en n'oubliant pas pour autant que les bonnes règles de la cinématographie s'appliquent» peu importe... disons, le nombre de dimensions exploitées. «L'important demeure d'avoir, au départ, une histoire solide. Et si vous avez cette histoire-là, le 3D vous aidera à en accentuer chaque détail - de l'éclairage au look d'un graffiti»... en passant par ce miroir déformant du héros qu'est le vilain. Lex Luthor face à Superman. Le Joker face à Batman. Et maintenant, Megamind face à Metro Man.

___________________________________________________________________
Megamind (Megamind) prend l'affiche aujourd'hui. Les frais de voyage ont été payés par Paramount Pictures