Detroit ville sauvage de Florent Tillon. Detroit est comme un mourant dont on a débranché le respirateur mais qui tarde à rendre l’âme.

On savait que la ville n’est plus l’ombre d’elle-même depuis les émeutes raciales de 1967 et la descente aux enfers de l’industrie automobile américaine. Mais à ce point-là! Les images saisissantes qu’en a ramenées Florent Tillon nous montrent un lieu si mal en point et abandonné que la nature y reprend le dessus. «C’est comme si on se promenait sur la terre après l’apocalypse», dit l’un des anciens habitants de la ville revisitant quelques ruines célèbres. Il reste encore des gens à Detroit, comme le montre la dernière séquence, mais le délabrement général a de quoi vous arracher le cœur.

Samedi à 13h au Cinéma ONF; dimanche à 15h au Cinéma Parallèle.

Videocracy  de Erik Gandini

On peut parfois être affligé tant par le contenant que le contenu des émissions de téléréalité qui passent sur les ondes québécoises. Ce n’est pourtant rien -mince consolation- à côté de l’avalanche d’émissions «pipoles» inondant la télé italienne.

Et plus particulièrement les omniprésentes stations de télé rassemblées sous le parapluie de l’empire médiatique du président Silvio Berlusconi.

C’est ce que démontre avec réalisme le réalisateur Erik Gandini dans ce documentaire fascinant sur la descente dans les bas-fonds de la médiocrité de la télé italienne. Ce qui est plus triste encore est de voir l’énorme succès que remportent ces émissions sur le bon peuple qui semble ne voir aucune issue de secours à une vie réussie sans passer par les chances de célébrité qu’on lui offre.

À travers le parcours de Ricky, jeune homme sympathique, un brin artiste et pas mal naïf, le cinéaste lève le voile sur la télé du «président» comme il l’appelle tout le long de son film, ainsi que sur ses principaux artisans.

Berlusconi au premier chef. Mais aussi Lele Mora, agent d’artistes aux sympathies mussoliniennes assumées dont les fêtes dans sa villa en bord de mer constituent le rendez-vous obligés du who’s who huilé, plastifié et botoxé.

Pis encore, on fait la connaissance de Fabrizio Corona, maître extorqueur à la tête d’une bande de paparazzi. Ces derniers prennent des tonnes de photos de vedettes en situations compromettantes que Corona s’empresse de revendre aux magazines contrôlés par le président ou les victimes elles-mêmes.

Le jour où Corona réussit à faire prendre la fille de président en photos, Berlusconi achète les clichés pour ensuite… les faire publier dans ses propres magazines. Il encaisse bien entendu un profit considérable. Et Corona d’exprimer tout son respect pour cet homme d’affaires hors du commun.

On aurait aimé savoir une chose de plus. Que deviennent tous ces jeunes gens lorsqu’ils ne réussissent pas à grimper dans l’échelle médiatique ou sont «jetés» après leur moment de gloire? Le parcours de Ricky nous en donne une brève idée mais on aurait pu aller plus loin. Un autre sujet de documentaire? Peut-être. Mais pas sûr qu’il soit diffusé en Italie. Car voyez-vous, Videocracy a été censuré par la RAI et interdit de diffusion sur les chaînes de télé berlusconiennes.

Videocracy est précédé d’un court métrage, The Night Pasolini Died.

Aujourd’hui à 16h30 à la Grande Bibliothèque et demain à 17h au Cinéma Parallèle.

Les arbitres de Yves Hinant, Éric Cardot et Delphine Lehericey

Le rôle de l'arbitre est le plus ingrat dans le sport professionnel. C'est particulièrement vrai de celui de l'arbitre de soccer, auquel on refuse toujours toute aide technologique. Les erreurs sont inévitables et les supporters, très peu conciliants. Le documentaire suisse Les arbitres s'intéresse en particulier au travail des arbitres pendant l'Euro 2008. Les décisions controversées, l'impact sur les familles, les tensions avec les joueurs et entraîneurs, les menaces des partisans. Le président polonais avait même déclaré à l'époque, à la suite d'un penalty litigieux accordé par l'arbitre anglais Howard Webb contre son équipe, qu'il avait «envie de tuer quelqu'un». Pour fans avertis de football.

Aujourd'hui à 15h au Cinéma Parallèle et demain à 21h15 à la Grande bibliothèque.

-Avec Marc Cassivi