Raiponce (ou Rapunzel en anglais) ne figure pas au panthéon des héroïnes de contes aux côtés des Cendrillon et Blanche-Neige. Les choses risquent de changer puisqu'elle brillera maintenant parmi «les princesses Disney». Rencontre avec ceux qui lui ont tissé un destin nouveau.

Parmi les contes des frères Grimm se trouve Raiponce. L'histoire de cette fille emprisonnée dans une tour sans porte, où l'on pénètre en lançant: «Raiponce, Raiponce, descends tes longs cheveux.» Raiponce passe alors ses longues tresses par la fenêtre. Et le visiteur - en fait, la sorcière qui la retient entre ces murs - se hisse vers elle. Jusqu'au jour où un beau jeune homme passe par là...

«Ce conte est à l'état de projet chez Disney depuis 1940. Mais comme il manquait d'épaisseur, personne ne s'y attardait assez longtemps pour le craquer et y trouver un récit s'adressant au public d'aujourd'hui», note Nathan Greno, qui a coréalisé Tangled avec Byron Howard.

Tangled, c'est le titre final de ce film d'animation 3D dans sa version originale. Il n'est donc plus coiffé du nom de son héroïne (Rapunzel/Raiponce), mais d'un mot traduisant la situation exposée ici. «Tangled» signifie enchevêtrement, fouillis, confusion. On peut prendre ça au sens propre (les cheveux de Raiponce font quand même 30 mètres de longueur!) comme au figuré.

Raiponce s'efface du titre

N'est-il pas risqué de mettre de côté la «princesse» au profit d'un mot plus générique? Après tout, les grands succès de Disney s'appellent Cendrillon, Blanche-Neige, La petite sirène... Pas du tout, assure Byron Howard: «Tangled reflète mieux la réalité du film: l'histoire n'est pas que celle de Raiponce, c'est autant celle de Flynn.»

Flynn? Un voleur (craquant) poursuivi par les gardes du roi et ses anciens complices. Et qui arrive, par hasard, en vue de la tour où Raiponce vit en compagnie de Mère Gothel. Laquelle, sous des dehors bienveillants, a en fait kidnappé la princesse - Raiponce est la fille des souverains du royaume - quand elle était bébé afin de pouvoir utiliser la magie de ses cheveux. Les toucher lui assure la jeunesse éternelle. Elle la garde donc enfermée dans la haute tour. Mais à la veille de ses 18 ans, la jeune fille est de plus en plus obsédée par l'idée de découvrir le monde - en particulier, la raison d'être des milliers de lanternes qui, le jour de son anniversaire, s'élèvent dans le ciel, au loin, hors de sa portée.

«Notre Raiponce n'a jamais vu le monde, mais elle est attirée par lui. Oui, elle a peur, mais sa curiosité fait qu'elle possède ce qu'il faut pour tenter l'aventure. Nous ne voulions pas en faire un personnage prostré et terrifié», explique Mark Kennedy, qui a agi comme directeur de l'histoire dans cette aventure. Il faut comprendre par là que son rôle est de faire le pont entre les réalisateurs, les scénaristes et les animateurs principaux, et qu'il «signe» le scénario présenté aux producteurs... qui est en fait, dans le cas d'un film d'animation, une manière de story-board. L'histoire, la vision artistique et les personnages sont ainsi, d'un seul coup, révélés à ceux qui prennent ultimement les décisions (financières).

Dans le cas présent, parmi les personnages originaux se trouvait un certain Maximus - celui qui est sur les traces de Flynn et qui ne lâche pas le jeune voleur d'une semelle. «C'est le meilleur policier du monde», rigole Mark Kennedy... parce que le policier en question est un cheval. Il appartenait à un garde de l'armée royale. Il se comporte comme un chien (policier). «Et il nous a été inspiré par le personnage que Tommy Lee Jones incarne dans The Fugitive.» Savoir cela rend le personnage encore plus hilarant qu'il ne l'est - ce qui n'est pas peu dire.

Les cheveux, défi pour le 3D

Et puis, il y avait Raiponce et sa masse de cheveux. «Quand vous travaillez en 3D, vous savez qu'une des choses que vous avez à éviter, ce sont les cheveux longs. Dès qu'ils touchent les épaules, ça devient incroyablement complexe», note Nathan Greno. «Des gens ont travaillé pendant sept ans à la technique que nous avons utilisée», ajoute Byron Howard. Parce qu'ils n'allaient pas y couper: Raiponce sans ses mètres de chevelure n'est pas Raiponce - «en plus, elle ne se contente pas de les peigner, elle s'en sert comme d'un lasso, d'une liane, etc.», précise Byron Howard - et Disney tenait au 3D. Pour plusieurs raisons. Entre autres parce que ce film occupera une place très spéciale dans l'histoire du studio: il est son 50e long métrage d'animation.

Les deux réalisateurs, Mark Kennedy et leur équipe ont donc oeuvré dans ce sens-là. Mêler le classique d'un Blanche-Neige à une histoire dotée d'une saveur contemporaine, le tout porté par les possibilités qu'offre le 3D. Ils se sont donc attelés à trouver une aventure qui justifierait le coût du billet et le port des infâmes lunettes. Ils ont accouché d'un film où humour, chansons et moments tendres s'enchevêtrent. Du grand art, pas seulement capillaire.

Tangled (Raiponce) prend l'affiche le 24 novembre. Les frais de voyage ont été payés par Disney Pictures.

LES VOIX QUÉBÉCOISES DE RAIPONCE

Plusieurs comédiens québécois prêtent leur voix aux personnages principaux du nouveau film de Disney, Raiponce, en salle mercredi prochain. Ainsi, la jeune Catherine Brunet (vue dans Watatatow et dans Ramdam) sera Raiponce, Hugolin Chevrette (Cadavres, Monica la mitraille) sera son prétendant Flynn Rider, alors que Valérie Blais (Tout sur moi) sera la Mère Gothel. Dans la version originale anglaise du film, intitulée Tangled, les voix des principaux personnages sont celles de la chanteuse Mandy Moore, de Zachary Levi, de Donna Murphy, d'Ewan McGregor et de Steve Martin.