Avec en moyenne 100 films par an, le cinéma brésilien peut se vanter d'être une des plus grandes puissances du septième art en Amérique du Sud, à égalité avec l'Argentine.

Pas étonnant que le Festival du film brésilien soit encore bien en vie après quatre ans d'existence. Au début tout petit, le festival revient cette année au Cinéma du Parc, du 26 novembre au 2 décembre, avec une programmation de bonne tenue qui résume deux ans de production nationale.

Maria de Medeiros ouvrira le bal, ce soir à 19 h, avec Le conteur d'histoires, un film «socialement correct» de Luiz Villaca. L'actrice franco-portugaise (Henry & June, Pulp Fiction) y joue le rôle d'une pédagogue française qui prend sous son aile un enfant des rues. N'attendez pas un autre Cité de Dieu. Tiré d'un fait vécu, ce (trop?) gentil long métrage prend plutôt le chemin de l'espoir et de la rédemption. Mais il a le mérite de trancher avec l'habituel nihilisme des films de favelas.

Plus inspiré, l'étonnant Besouro s'éloigne du réalisme pour rejoindre le fantastique poétique. À mi-chemin entre la fable, le western et le film d'art martiaux, cet ovni cinématographique présenté en collaboration avec Fantasia raconte l'histoire d'un héros de la capoeira (la fameuse «danse martiale» afro-brésilienne) qui, au début du XXe siècle, avait tenu tête à des propriétaires de plantations de canne à sucre blancs par la seule force de ses katas.

Il ne fait aucun doute que Besouro plaira aux amateurs de films d'arts martiaux. Les scènes de bataille ont d'ailleurs été chorégraphiées par Huen Chiu Ku, qui a également travaillé sur The Matrix, Kill Bill et plusieurs films de Jet Li. Pensez, disons, Tigre et dragon version amazonienne. Mais Besouro (dont le personnage principal est joué par Ailton Carmo, danseur de capoeira professionnel) se distingue aussi par son atmosphère contemplative et ses scènes animistes surnaturelles qui l'élèvent à un autre niveau - on pense surtout aux séquences avec les esprits du candomblé (le vaudou des noirs brésiliens) qui ramènent le héros du pays des morts.

Terre rouge (un film sur les conflits entre autochtones et propriétaires terriens), Le journal d'une crise (sur la crise économique), Alerte générale (sur la criminalité urbaine) Elvis & Madona (histoire d'amour entre une lesbienne et un travesti) et Les yeux bleus (immigration) compléteront le volet fiction en apportant différents regards sur la réalité brésilienne.

Musique et culture gaie

Au chapitre des documentaires, belle prise avec Dzi Croquettes, de Raphael Alvarez et Tatiana Issa. Gagnant de deux prix au dernier Festival du documentaire de Rio, ce film raconte l'improbable odyssée d'une troupe de théâtre de travestis dans le Brésil des années 70 et son impact sur la culture gaie internationale.

Pour les amateurs de musique brésilienne, enfin, on souligne Une nuit en 67, documentaire sur la révolution tropicaliste de la fin des années 60 et Beyond Ipanema, qui raconte le dernier demi-siècle de pop brésilienne, avec moult films d'archives et invités aussi prestigieux que Gilberto Gil, Cateano Veloso, Tom Zé et David Byrne.

Seul problème, mais de taille: on n'entend aucune des chansons dont il est question dans le film! Affaire de droits, sans doute. Mais peut-on vraiment se permettre une telle aberration?

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Festival du film brésilien au Cinéma du Parc. Certains films sont sous-titrés en français, d'autres en anglais. Pour plus d'info: www.brazilfilmfest.net