Présenté en fin de semaine en séance de clôture de «Cinéma du Québec à Paris», Incendies, du réalisateur Denis Villeneuve, prendra l'affiche dans 80 salles françaises le 12 janvier, a-t-on appris à cette occasion.

Pour un film d'auteur de 140 minutes sans vedettes se déroulant entre Montréal et le Proche-Orient, il s'agit d'une très jolie sortie. En comparaison, Les amours imaginaires, du jeune Xavier Dolan, auréolé de ses récompenses cannoises, avaient commencé sa carrière française cet automne sur 95 écrans, avant de dépasser les 150 000 entrées. En 2006, C.R.A.Z.Y était pour sa part sorti dans 90 salles et avait atteint la barre inespérée des 600 000 spectateurs.

Pour distribuer Incendies, pas de «majors», comme on dit à Paris, mais Happinness, une petite maison dirigée par Isabelle Dubar, spécialisée dans le cinéma d'auteur et qui s'était chargée en 2001 de Maelström, du même Villeneuve, avec dans le rôle principale une jeune actrice du nom de Marie-Josée Croze, alors inconnue en France.

Si ce premier long métrage n'avait «pas du tout marché», reconnait Mme Dubar, on peut raisonnablement espérer qu'il en sera autrement pour Incendies. Récompensé, notamment, à Venise, Toronto, Vancouver, Halifax, Varsovie et Namur, vendu dans une trentaine de pays, le long métrage arrive en France précédé par une rumeur favorable et une excellente réputation. Il possède par ailleurs l'avantage d'être tiré de la pièce éponyme de Wajdi Mouawad, considéré en France comme des plus grands auteurs actuels de la langue française.

Pour remplir les salles, toutefois, Isabelle Dubar ne mise pas sur Mouawad ni sur l'ancienne passion française pour le Liban, le pays des origines où se déroule cette histoire de jumeaux montréalais remontant dans le passé dévasté par la guerre de leur mère décédée.

«Le Liban n'est pas un argument. Le Liban n'intéresse plus les Français. Ce que je vais mettre de l'avant, ce sont les qualités cinématographiques du film», dit-elle.

En tout cas, samedi lors de la dernière séance de la semaine du cinéma québécois, à laquelle assistaient Villeneuve et sa formidable actrice Lubna Azabal, Incendies a été longuement applaudi par un public visiblement touché. «C'est un très beau film», a jugé, enthousiaste, la présidente d'honneur, l'actrice et réalisatrice Carole Laure.

Le parrain de cette 14è présentation du «Cinéma du Québec», Xavier Dolan, a assisté à cette projection, lui qui avait brillé par son absence à l'ouverture. «C'est un film magnifique, exquis, moderne», a commenté le jeune prodige.