Après avoir fait sa marque avec les films Hochelaga et Histoire de pen, le réalisateur Michel Jetté prépare fébrilement son retour sur le grand écran. Le nom de son nouveau projet: BumRush.

La nature a horreur du vide. Et dans le monde interlope, c'est encore plus vrai. Neutralisez des criminels et d'autres tenteront prestement de prendre leur place.

On l'a constaté à Montréal au cours des derniers mois avec les nombreux incendies criminels commis dans des pizzérias et, surtout, avec les meurtres dont ont été victimes des membres de la mafia. Or, le nouveau film sur lequel planche le réalisateur Michel Jetté depuis un bon moment va exactement dans cette direction.

Le titre donne déjà le frisson. Et pour cause! Dans la foulée des longs métrages Hochelaga et Histoire de pen qui ont exploré les mondes parallèles des motards criminels et des pénitenciers, BumRush sera un film dur, violent, avec beaucoup d'action, des bagarres et des armes à feu, tournant autour de l'univers des portiers de bar.

Et ce sera aussi un film exposant la montée en puissance des gangs de rue, un phénomène indéniable, selon son réalisateur.

«Les récentes rafles policières, comme l'opération SharQc, ont été majeures. Il y a des conséquences à cela, estime Michel Jetté, rencontré plus tôt cette semaine. Tout le monde est d'accord sur le fait qu'il faut arrêter les criminels. Mais de la façon dont c'était fait, ça déstabilisait tellement le milieu que ça déclenchait des guerres de territoires qui peuvent être relativement violentes.»

Portiers au coeur de la tourmente

Or, selon Jetté, les portiers sont les premières personnes à subir les conséquences de ce choc terrible.

«Après une rafle policière qui déstabilise le milieu criminel, les premiers à manger une claque, ce sont les portiers, affirme-t-il. Les guerres de territoire commencent. La soupe devient chaude. Ils sont sur la ligne de feu.»

BumRush, dont la sortie est prévue au printemps 2011, illustre cette situation à travers l'histoire du bar Kingdom, considéré comme un terrain neutre et à prendre - l'endroit devient le théâtre d'une guerre de territoire entre un gang de rue et la mafia italienne. Faisant le constat qu'il ne peut laisser traîner les choses, le propriétaire du bar, Papy (Pat Lemaire), fait appel à une escouade spéciale de portiers issus de son ancien régiment militaire. À leur tête, L'Kid (Emmanuel Auger) va tenter de ramener l'ordre.

En menant des entrevues avec des portiers, dont plusieurs sont effectivement d'anciens militaires, Michel Jetté a vite constaté que ces derniers font preuve de beaucoup de stratégie pour déstabiliser les adversaires potentiels.

Fiction et... faits réels

Après ses deux films précédents, Michel Jetté était intéressé à explorer le monde de la sécurité à Montréal. Il a mis plusieurs idées sur papier, esquissé des scénarios, mais restait insatisfait. C'est à ce moment qu'un de ses amis, le comédien Sylvain Beauchamp (qui joue dans le film), lui a parlé de l'univers des portiers. Jetté a poussé ses recherches sur des événements survenus au cours des dix dernières années.

«Toute l'histoire est structurée à partir de faits réels, dit-il. La majorité des épisodes qu'on retrouve dans le film se sont réellement produits à Montréal. Ce n'est pas spécifique à un bar et ces événements ont eu lieu depuis 2001. Moi, je les ai condensés pour en faire une histoire.»

Il a été visiblement fasciné par le travail des portiers, mais aussi par la manière dont ceux-ci évoluent de façon indépendante dans un monde fait de clans et d'alliances.

«Un portier est un gars qui a des entrées, des antennes, autant dans le milieu criminel que chez les Italiens, les motards ou dans le milieu policier, poursuit le réalisateur. Il capte l'information afin de bien travailler dans son univers. On est loin du gorille qui se tient à la porte du bar et qui jette les gens en bas d'un escalier. Chez eux, j'ai découvert de vrais stratèges qui travaillent de façon très intelligente.»

Film indépendant, BumRush a été réalisé avec peu d'argent, mais avec les moyens technologiques au goût du jour. Michel Jetté assure que tous les comédiens et techniciens ont accepté la structure de travail et de rémunération proposée. Il n'a pas voulu trop s'avancer sur les détails, préférant attendre la rencontre officielle avec les médias, prévue en janvier.

On peut déjà s'initier au film en allant à www.bumrushlefilm.com.