Un appel à la mobilisation en faveur du cinéaste Jafar Panahi, condamné en Iran à six ans de prison et interdit d’exercer son métier pendant 20 ans, a été lancé en France par le Festival de Cannes, la Société des auteurs et compositeurs dramatiques (SACD) et la Société civile des auteurs-réalisateurs-producteurs (ARP) notamment.


«À travers cette condamnation qui frappe Jafar Panahi, c’est tout le cinéma iranien qui est manifestement visé», jugent les auteurs de l’appel. «Cette condamnation nous révolte et nous scandalise. Aussi, appelons-nous cinéastes, acteurs et actrices, scénaristes et producteurs, tous les professionnels du cinéma ainsi que tous les hommes et femmes épris de liberté et pour qui les droits de l’homme sont une chose fondamentale, à se joindre à nous pour exiger la levée de cette condamnation.»


«Que reproche le pouvoir iranien à Jafar Panahi? D’avoir conspiré contre son pays et mené une campagne hostile au régime iranien», ajoute le texte. «La vérité est que Jafar Panahi est innocent et que son seul crime est de vouloir continuer d’exercer librement son métier de cinéaste en Iran», insistent ses auteurs. «Depuis plusieurs mois le pouvoir iranien a mis en place contre lui une véritable machine de guerre visant à le détruire, à l’enfermer en le contraignant à se taire.»


Lundi soir, le ministre français de la Culture Frédéric Mitterrand avait dit avoir pris connaissance «avec indignation du pseudo-jugement» frappant Jafar Panahi qui «revient à l’empêcher totalement d’exprimer son talent».


Le ministre s’était élevé «vigoureusement contre cette atteinte inacceptable à la liberté de pensée et de création artistique». Il a demandé «à ce qu’il y soit mis fin, pour que le grand cinéaste iranien soit libre de ses mouvements et puisse à nouveau continuer à réaliser des films, comme le souhaitent les cinéastes du monde entier qui lui expriment leur solidarité et leur soutien en toute occasion et notamment lors du dernier festival de Cannes».


Jafar Panahi a été condamné à six ans de prison, a fait savoir lundi son avocate. Il est privé de ses droits professionnels, dont le tournage de films et l’écriture de scénario, a dit Farideh Qeirat à l’agence semi-officielle ISNA. «Il a aussi l’interdiction de quitter le pays pendant 20 ans et d’accorder des interviews à des médias nationaux et étrangers pendant cette période», a-t-elle ajouté.


Jafar Panahi, un cinéaste primé aux festivals de Cannes, Berlin et Chicago, avait passé plus de deux mois en détention en début d’année. Il n’avait pu se rendre au festival de Cannes alors qu’il devait faire partie du jury. Lors de la cérémonie d’ouverture, un fauteuil vide avait été laissé sur la scène en raison de son absence.


Mohammad Rasoulov, un autre réalisateur iranien qui a apporté son soutien à l’opposition, a été condamné lundi à six ans de prison.