Le cinéaste Denis Côté, dont le film Curling continue à faire le circuit des festivals et sera présenté dans quelques semaines à New York, reprend la caméra dès aujourd'hui. Au menu: un film sans budget, sans scénario et sans acteur, avec une équipe minimaliste de quatre personnes et une ligne de conduite: l'expérimentation. On sait au moins une chose: il sera filmé au Parc Safari d'Hemmingford.

«Je veux tourner un film qui se passe au Parc Safari à travers quatre saisons, dit M. Côté en entrevue à La Presse. Mercredi (aujourd'hui), jeudi et vendredi, nous tournons les scènes d'hiver. Nous y retournerons au printemps pour la portion printanière et ainsi de suite. J'ai tourné cinq films en cinq ans et j'ai besoin de ce rush d'adrénaline.»

Le cinéaste espère que son film sur le Parc Safari sera dans la même lignée que son film Carcasses. «Je vais voir qui, dans l'équipe, peut être transformé en acteur, dit-il. Je prends des comédiens non professionnels, des employés, et je les fais jouer tels qu'ils sont.»

Le réalisateur a un autre projet de film en tête qui sera, davantage à l'image de Curling, «un objet plus poli, plus réfléchi» et qui a déjà obtenu l'aval des institutions publiques pour son développement. Mettant en vedette Marc-André Grondin, Pierrette Robitaille et la comédienne française Valérie Donzelli (que les fans de Cinémania ont pu voir cet automne dans La reine des pommes), le film racontera l'histoire d'un couple de femmes, ex-prisonnières, se réintégrant petit à petit à la société.

«Une femme de 65 ans sort de prison et se construit une maison en forêt, raconte le cinéaste. Elle est bientôt rejointe par sa jeune compagne de cellule et elles reprennent leur vie. Marc-André Grondin jouerait l'agent de libération conditionnelle.»

Denis Côté prévoit consacrer un an à l'écriture de ce scénario.

Belle trajectoire pour Curling

Comme La Presse l'écrivait hier, les prochains mois seront fort occupés pour le jeune réalisateur. Son film Curling sera présenté dans une douzaine de festivals, il siégera à deux jurys et trois villes veulent lui consacrer des rétrospectives.

Le fait d'avoir été choisi pour l'événement New Directors/New Films organisé par le Museum of Modern Art et le Lincoln Center de New York l'enchante plus particulièrement. «Voilà un événement très couvert et très couru, dit-il. C'est cette organisation qui contrôle à New York tout ce qui est inédit au cinéma. Je préfère me retrouver là qu'à Sundance, perdu au milieu de centaines de films.»

L'auteur des films Les états nordiques et Carcasses sait bien que ses oeuvres s'inscrivent dans «une niche très festivalière» et qu'il est difficile de percer aux États-Unis. Dans le contexte, la «porte d'entrée» qu'est l'événement New Directors/New Films est ce qu'il visait. «Je vais là où l'on me veut», dit-il.