Le Canadien Seth Rogen, l'Autrichien Christoph Waltz, le Français Michel Gondry, le Taïwanais Jay Chou: une manière de Nations unies a adopté un «superhéros» bien américain. Le quatuor explique son travail sur The Green Hornet (Le Frelon vert), sans chercher à se mettre au vert.

Lorsque l'équipe qui prendrait la barre de The Green Hornet a été connue, des «vibrations négatives» se sont propagées sur la toile à la vitesse... de Black Beauty - la voiture à bord de laquelle prennent place Britt Reid et Kato quand, sous des dehors de méchants, ils font en fait régner la justice dans les rues de Los Angeles.

«Mais nous nous sommes tenu les coudes et nous avons fait le film que nous voulions faire», résumait le producteur Neal Moritz, lors d'une conférence tenue dans les studios de Columbia Pictures.

L'équipe en question se composant de scénaristes canadiens connus pour leurs histoires de «poteux», Seth Rogen et Evan Goldberg (Pineapple Express) - le premier, destiné à se glisser sous le chapeau de The Green Hornet; d'un réalisateur français, Michel Gondry, connu au royaume de l'oncle Sam pour ses films indépendants (Eternal Sunshine of the Spotless Mind); d'un acteur autrichien à l'aura intellectuelle, Christoph Waltz (Inglourious Basterds), pour interpréter le méchant Chudnofsky; et d'un chanteur pop asiatique qui ne parle pas anglais, Jay Chou, pour incarner Kato, un rôle immortalisé par Bruce Lee.

Pas évident à faire avaler aux fans de ces héros nés en 1936 à la radio, qui ont ensuite fait leur chemin dans les pages de comic books avant d'arriver à la télévision en 1966. On y suivait un playboy (Van Williams) dont la vision du monde change lorsqu'il hérite du Daily Sentinel, journal fondé par son père; et de son bras droit (Bruce Lee), incroyablement doué pour les arts martiaux et la mécanique.

«L'avantage, dans l'adaptation de The Green Hornet, c'est que le mythe existe, mais qu'il n'est pas aussi connu ni élaboré que celui d'autres superhéros. Cela nous a permis d'injecter notre sensibilité et notre humour dans l'histoire», explique Seth Rogen, qui s'est donné pour mission de marcher sur la ligne entre «commenter le film de superhéros et être dans un film de superhéros».

Et c'est ce genre hybride qui a attiré Michel Gondry, d'autant que The Green Hornet, qui ne possède pas de pouvoirs, n'est pas, à proprement parlé, un «superhéros». «Ce qui me permet de m'identifier à lui», indique le réalisateur, également attiré par la relation entre les deux personnages principaux: «Tout est basé sur la dynamique entre Britt et Kato, très différente de celle que l'on voit habituellement de ce genre de films, entre le héros et son acolyte.»

Lui restait à trouver «son» Kato et «son» Chudnofsky.

Jay Chou

Jay Chou s'est démarqué lors d'une audition réalisée... en utilisant Skype, puis en personne: «C'était incroyable de voir la dynamique qui s'est installée immédiatement entre lui et Seth. Seth qui ne respecte même pas le scénario qu'il a écrit. Jay qui ne comprend pas très bien l'anglais et ne peut aller hors du texte. Malgré tout, ils avaient cette assurance et ce côté cool nécessaires aux personnages», se souvient Michel Gondry.

Le rôle de l'inquiétant Chudnofsky, lui, est allé à Christoph Waltz. Même si ce dernier, qui n'a plus rien à prouver quant à sa capacité de jouer les méchants depuis sa prestation hallucinante dans Inglourious Basterds, ignore tout des comic books. «Ils ne font pas partie de mon univers... comme la microchirurgie, mais je connais leur importance, indique-t-il. Je n'interroge pas les mondes dans lesquels on «m'invite», je fais ce qu'il faut pour être pertinent à l'histoire. J'apprends mes répliques, je suis à l'heure sur le plateau, et j'écoute. Pour moi, créer un méchant ne se fait pas en rassemblant des morceaux de méchants ici et là. C'est un travail d'acteur et auparavant, d'auteur.»

Michel Gondry

Et de réalisateur, aurait-il pu ajouter. D'autant que la signature visuelle de Michel Gondry est très... signée. Entre autres, dans la «Kato-Vision», où un personnage se déplace au ralenti alors que l'autre bouge à vitesse normale, dans les scènes d'action: «J'ai tout dessiné sur papier, pour montrer à la production ce que ça pouvait donner - et j'étais sûr d'essuyer un refus. Mais pas du tout.»

Même genre de bonne surprise au sujet de The Black Beauty. Seth Rogen et lui souhaitaient garder l'allure «classique et sexy» des voitures des années 60. La Chrysler Imperial a remporté la mise, sans rencontrer de résistance de la part des producteurs. Une Imperial bien sûr améliorée grâce à l'ingéniosité de Kato. «Mais là encore, nous voulions rester un minimum réalistes. En faire la bagnole de l'Inspecteur Gadget aurait été trop», conclut Seth Rogen, qui a oeuvré dans ce projet en pensant «comédie, mais pas parodie».

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The Green Hornet (Le frelon vert) prend l'affiche demain. Les frais de voyage ont été payés par Sony Pictures.