Pour les 4075 membres de l'Académie des arts et techniques du cinéma, qui votent pour les César, le choix n'est pas toujours facile en raison du très grand nombre de films qui sortent en salles.

Certains longs métrages bénéficient toutefois d'une plus grande visibilité que d'autres, notamment grâce au succès qu'ils ont connu, mais aussi quand ils figurent dans le coffret DVD envoyé en décembre aux votants.

Les producteurs doivent cependant mettre la main à la poche pour que leur film soit inclus dans le coffret que reçoivent les membres de l'Académie, ce qui explique qu'il ne contienne que 87 films français (il comprend aussi cette année trois films étrangers, Illégal, Mr. Nobody et Bright Star sur les 184 sortis l'an dernier, soit un peu moins de la moitié, selon l'Académie. Certains producteurs envoient des invitations aux votants pour qu'ils puissent voir gratuitement leurs films dans une salle de cinéma.

«Ça favorise les films qui ont le plus de visibilité», explique à l'Associated Press Michel Ferry, vice-président de l'ARP (Société civile des Auteurs Réalisateurs Producteurs), qui vote depuis longtemps pour les Césars. «Pour un producteur qui n'a pas beaucoup d'argent, être dans le coffret coûte assez cher», remarque-t-il également.

Michel Ferry confie qu'il voit la plupart des films qui l'intéressent en salle, mais que pour d'autres, il attend le coffret DVD. Pour le premier tour de scrutin, qui détermine la liste des films nommés (annoncés ce vendredi), il ne peut pas tout voir, mais il affirme en avoir vu «au moins la moitié». «On est obligé de faire une présélection», souligne-t-il, en reconnaissant que pour voter, «c'est plus compliqué» qu'au second tour.

Les votants ont en effet un mois pour visionner les films qu'ils n'ont pas vus entre les deux tours de scrutin. Cette année, la 36e cérémonie des Césars aura lieu le 25 février. «C'est un sujet de discussions entre copains», observe l'auteur-réalisateur-producteur Michel Ferry, qui dit avoir aimé notamment Huit fois debout, Le nom des gens, Tout ce qui brille, Tête de turc, Mammuth et White Material.

Il se montre toutefois circonspect sur l'impact des Césars sur les entrées en salles aujourd'hui, en assurant que la dernière fois où il avait vu un film vraiment en bénéficier remonte à 1982, avec Diva de Jean-Jacques Beineix. «Diva, personne ne l'avait vu. Il a fait une carrière après avoir été récompensé aux Césars, les entrées ont explosé», raconte-t-il.

«Le coffret DVD a un peu changé la donne», note pour sa part Nicolas Naegelen, qui a reçu le César du meilleur son pour Les choristes en 2005. «On le reçoit avant Noël, ça permet de voir des films qu'on n'irait pas voir en salle.»

Cela n'empêche toutefois pas cet ingénieur du son, qui vote en ligne pour les Césars, de fréquenter les salles obscures à peu près une fois par semaine. «Je vais au cinéma, je suis guidé par ma cinéphilie», confie-t-il à l'AP. Il voit environ la moitié des films qui peuvent concourir pour les Césars au cinéma, et une autre moitié grâce au coffret DVD.

«On vote pour ses copains dans la catégorie «son», sauf s'il y a quelque chose de vraiment formidable», reconnaît-il, en notant aussi qu'il ne vote pas pour toutes les catégories en lice. «Beaucoup de gens votent pour la musique plus que pour le son», déplore-t-il par ailleurs, en citant le cas récemment du film Le concert. Selon lui, les films qui ont du succès aux Césars sont souvent des «films d'auteur», «pas forcément commerciaux», qui «reflètent l'état d'esprit des votants».

Selon le règlement de l'Académie, les films en lice doivent être sortis en salle entre le 1er janvier et le 31 décembre de l'année précédant celle de la remise des Césars.

Les membres de l'Académie des arts et techniques du cinéma sont des professionnels de l'industrie cinématographique, répartis en onze collèges de «métiers» (acteurs, réalisateurs, auteurs, techniciens, producteurs, distributeurs et exportateurs, exploitants, agents artistiques, industries techniques, directeurs de casting, attachés de presse), auxquels s'ajoutent «des personnalités dont l'activité soutient le rayonnement et le dynamisme du cinéma en France, rassemblées dans un douzième collège de «membres associés».