Le lobbyiste déchu Jack Abramoff semble être un excellent choix de vilain pour un film, mais l'acteur principal de Casino Jack, Kevin Spacey, affirme qu'il n'était pas intéressé à dépeindre le républicain comme un méchant.

En entrevue au dernier Festival international du film de Toronto, en septembre, l'acteur a expliqué avoir essayé de comprendre l'image qu'il présentait et de la superposer aux faits.

Il affirme avoir rapidement réalisé que son personnage n'était pas le mal incarné ni l'homme le plus méchant et le plus avare à avoir foulé la surface de la Terre.

Au fil de ses recherches sur Abramoff - le puissant républicain reconnu coupable de fraude et de complot en 2006 avant d'être libéré de prison à la fin de la dernière année -, Spacey en est même venu à ressentir de la sympathie à son égard.

Le film, qui prendra l'affiche vendredi dans certaines villes canadiennes, vise à offrir un portrait équilibré d'Abramoff.

Casino Jack présente le controversé personnage - décrit comme «l'homme ayant acheté Washington» par le magazine Time - comme un homme de famille, très religieux et même généreux.

Kevin Spacey a obtenu une nomination aux Golden Globes, cette année, pour son travail dans ce film. Il affirme avoir rencontré Abramoff en prison pour approfondir ses recherches et que sa visite ne s'est pas déroulée comme il l'avait imaginée.

«J'ai été étonné de découvrir qu'il a une personnalité profondément intéressante, il m'a beaucoup aidé et s'est montré très ouvert pour m'aider à comprendre les émotions qu'il a ressenties à différentes périodes», a raconté l'acteur.

Spacey, un démocrate engagé, souligne que le film vise également à montrer la corruption à Washington, qui va bien au-delà, selon lui, d'Abramoff et ses alliés.

Le film présente également les contradictions de certains politiciens religieux, disant craindre Dieu, tout en effectuant des transactions immorales derrière des portes closes.

«Je crois que nous avons souvent constaté une malheureuse vérité, dans la politique américaine, soit le fait que l'Église et l'État ne sont pas séparés, que les gens utilisent leur religion pour mener leur campagne. Ils utilisent la religion pour diviser les gens, et pourtant, neuf fois sur 10, c'est la personne la plus morale, qui disait «Vous ne pouvez faire ceci et vous ne devriez pas faire cela», qui finit par se faire prendre à faire exactement ce qu'elle décriait», a déploré Spacey.

Casino Jack met en vedette de nombreux acteurs canadiens, dont Rachelle Lefevre, Graham Greene, Barry Pepper, Yannick Bisson et le regretté Maury Chaykin. Il a été réalisé par George Hickenlooper, qui est décédé en octobre dernier.