L'actrice américaine Jennifer Siebel Newson dénonce, dans un documentaire présenté à Sundance, la piètre représentation des femmes dans la société américaine, et appelle hommes et femmes à réagir, car «les changements ne viendront pas tout seuls».

Toute première incursion derrière la caméra de l'actrice, Miss Representation -qui joue sur les mots «mademoiselle» (miss) et «déformation» (misrepresentation)- est en compétition au festival de cinéma indépendant, dont le palmarès sera annoncé samedi soir à Park City dans l'Utah.

Jennifer Siebel Newsom a mené des dizaines d'interviews de femmes à travers les États-Unis, de tous les secteurs de l'économie et de la société civile, pour dresser un état des lieux -inquiétant- de la place de la femme dans la société, et explorer les pistes possibles pour remédier au problème.

Enseignantes, expertes, actrices, présentatrices de télévision, mais aussi femmes politiques -parmi lesquelles l'ancienne secrétaire d'État Condoleezza Rice et la chef de la minorité démocrate à la Chambre des représentants, Nancy Pelosi- défilent devant la caméra pour témoigner, le plus souvent, du retard considérable des États-Unis en matière de pouvoir accordé aux femmes. «Certaines d'entre elles avaient peur de parler et de perdre leur travail», déclare Jennifer Siebel Newsom à l'AFP.

«Cela prouve la peur que nous avons, nous les femmes, de dire ce que nous pensons et de faire entendre notre voix». «Le plus beau cadeau que m'a apporté ce film, c'est de pouvoir m'exprimer et, je l'espère, de permettre à d'autres femmes et hommes de prendre la parole et de défendre les droits de la femme, qui sont des droits de l'homme», dit-elle. La réalisatrice fournit dans son documentaire des dizaines d'exemples statistiques prouvant l'inégalité criante entre les hommes et les femmes.

«Nous sommes 90e dans le monde, en termes de nombre de femmes élues à des fonctions parlementaires nationales, derrière le Rwanda, Haïti, Cuba, l'Afghanistan et l'Irak», souligne l'actrice, mariée en 2008 à Gavin Newsom, ancien maire de San Francisco et actuel gouverneur-adjoint de Californie. «C'est humiliant. Nous devrions apprendre de ces pays. Nous pensons être formidables, mais nous ne le sommes pas! Je suis fière d'être Américaine, mais je suis vraiment déçue par mon pays aujourd'hui», affirme-t-elle.

Si les États-Unis sont tellement en retard, c'est selon elle parce que «le capitalisme y a été porté à son extrême, sans éléments de responsabilité sociale, de service public ou de souci d'inclure les femmes» et à cause de l'influence néfaste des médias, «un concept capitaliste» lui aussi.

Télévision, publicité, cinéma, magazines, tous ces médias -dirigés par des hommes- contribuent selon l'actrice à véhiculer une image de la femme objet, soumise, inférieure et dont la féminité est réduite à ses mensurations.

«Et malheureusement, nous exportons nos médias à travers le monde», déplore-t-elle. «Nous devrons rendre des comptes sur les dégâts que nous causons, car nous ne contribuons par à créer un monde meilleur». Le seul moyen de changer les choses passe selon elle par «une prise de pouvoir». «Et ceux qui pensent que cela viendra tout seul se trompent. Il faut galvaniser les gens, forcer (le destin). Ce ne sont peut-être pas des quotas qu'il nous faut, peut-être que ce sont des incitations économiques, mais il faut qu'il y a une forme d'incitation».

Elle se déclare favorable à une politique de quotas, mais prévient: «Si les femmes n'ont pas confiance en elles, les quotas ne marcheront pas.

Car il faut avoir confiance en soi pour savoir que l'on mérite d'occuper une place». Et d'appeler à «former et éduquer davantage les femmes pour les amener sur la ligne de départ».