Ils furent «les Rolling Stones du hip-hop» dans les années 90, avant leur séparation en 1998. La trajectoire exceptionnelle du groupe A Tribe Called Quest fait l’objet d’un documentaire à Sundance, signé par un fan de la première heure, l’acteur Michael Rapaport.

Avec ses cinq albums, tous disques d’or ou de platine, le groupe, dont tous les membre sont originaires du Queens (New York), ont révolutionné le hip hop, que ce soit sur le plan musical, en y intégrant notamment des influences jazz, ou des textes, en n’hésitant pas à aborder des problèmes de société.

«J’ai toujours été fan du groupe», déclare à l’AFP Michael Rapaport, un géant blond américain qu’on a pu voir notamment dans Small Time Crooks de Woody Allen ou dans la série télévisée Prison Break.

«L’idée de faire Beats, Rhymes and Life: The Travels of A Tribe Called Quest
 m’est venue en 2006, lors d’un concert», précise-t-il. Malgré sa séparation et la fin du travail en studio avec leur dernier album The Love Movement (1998), le groupe a en effet donné plusieurs concerts aux États-Unis et dans le reste du monde.

«Quand je les ai vus jouer, j’ai passé un moment tellement formidable, l’ambiance était tellement joyeuse, que je me suis juste dit: Je veux faire un film sur ces gars-là», explique-t-il.

Après une première partie très musicale, qui retrace le succès irrésistible de Q-Tip, Phife Dawg, Ali Shaheed Mohammed et Jarobi White (ce dernier prenant le large après le premier album), le documentaire explore ensuite les raisons de la séparation, avec des entretiens sans fard de tous les membres.

Parti pour être «une sorte de concert, de célébration musicale» le film a évolué lors du tournage «vers un terrain plus personnel», remarque le réalisateur. «Je n’imaginais pas que j’y aurais accès. Quand j’ai réalisé que c’était le cas (...) j’ai trouvé ça excitant et inquiétant à la fois, car ça devenait plus compliqué faire».

Michael Rapaport se retrouve notamment à plus d’une occasion au milieu de disputes de coulisses, dont une mémorable à San Francisco, qui jettent une lumière crue sur les rancoeurs et frustrations de ces amis d’enfance.

«Parfois ils m’oubliaient, parfois ils n’étaient pas contents que je sois là, ils étaient inquiets, ils ne voulaient pas avoir l’air excessifs. Mais au final, ils m’ont fait suffisamment confiance pour que je puisse obtenir le matériel nécessaire au film que je voulais faire», affirme l’acteur.

Malgré son caractère parfois introspectif, le documentaire ne néglige pas l’aspect musical et Michael Rapaport a rassemblé une impressionnante brochette des musiciens pour parler de l’apport du groupe au monde musical, de DJ Red Alert aux Jungle Brothers, en passant par Busta Rhymes, De La Soul, les Beastie Boys ou Kanye West.

«Leur musique est drôle, expressive, porteuse d’un message mais jamais donneuse de leçons. Et le rythme est incroyable. C’est la substance et la profondeur de cette musique qui la rend unique», estime le réalisateur.

«A Tribe Called Quest représente pour les fans de hip hop la même chose que les Rolling Stones ou les Doors pour les fans de rock», dit-il.

Quand à la séparation de ses membres, qui se sont récemment réunis pour la énième fois, elle est selon lui toute relative. «Ils sont mariés à A Tribe Called Quest. Ils ne peuvent pas y échapper. Il n’y a pas de divorce possible».