La présentation à la 61e Berlinale (10 au 20 février) d'un documentaire sur l'ex-magnat russe aujourd'hui emprisonné Mikhaïl Khodorkovski a pris un tour pour le moins mystérieux, le réalisateur allemand ayant été victime de deux cambriolages suspects.

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Le film de Cyril Tuschi s'intéresse au comportement de Khodorkovski, ancien magnat du pétrole et ex-patron du géant pétrolier Ioukos, ennemi juré du Premier ministre russe Vladimir Poutine, et à celui des autorités russes dans le bras de fer à rebondissements qui les oppose.

En prison depuis 2003, Mikhaïl Khodorkovski a vu sa peine prolongée en décembre jusqu'à 2017, dans ce que beaucoup d'observateurs considèrent comme un règlement de comptes politique contre un homme d'affaires ayant tenu tête au Kremlin et qui finançait l'opposition.

«Le mystère qui entoure les raisons de son retour en Russie (en 2003) explique pourquoi j'ai fait ce film», a expliqué Cyril Tuschi à l'AFP au cours d'un entretien réalisé la veille du cambriolage des locaux de sa société de production.

«Pourquoi une personne si rationnelle, intelligente et logique commet-elle une erreur si illogique avec les deux yeux grand ouverts? J'ai trouvé ce drame shakespearien -comment une personne ayant atteint un tel niveau peut tomber aussi bas - fascinant».

Cyril Tuschi, dont le film doit être présenté dans la section «Panorama Documents» de la Berlinale, à partir du 14 février, a expliqué s'être déjà montré très prudent lors du tournage en Russie.

«Pendant que nous étions en Sibérie, nous avons été suivis et je crois que nos téléphones ont été mis sur écoute», selon le réalisateur de 42 ans.

La semaine dernière, plusieurs de ses ordinateurs sur lesquels se trouvait «du matériel de travail» et une version finale du film ont été volés lors d'un cambriolage des locaux de sa société de production.

Le disque dur d'un ordinateur comprenant certains passages du film avait déjà été volé il y a quelques semaines dans une chambre d'hôtel, a précisé le producteur, Farbfilm-Verleih. Les objets de valeur ont été ignorés.

Le réalisateur est désormais hébergé par des amis, selon la presse, et refuse de répondre aux journalistes. «Quelqu'un essaie de me faire peur et je dois dire qu'ils ont réussi», a-t-il néanmoins indiqué au quotidien Süddeutsche Zeitung.

Le film présente également l'une des rares interviews à l'image de l'homme emprisonné. «Je croyais que je devais me défendre moi même devant la cour», explique-t-il pour justifier son retour en Russie en 2003. «Je crois aussi en quelque chose qui s'appelle la justice».

Pour Tuschi, Khodorkovski est animé par un sens de l'honneur. «Je crois que c'est comme cela qu'il arrive à rester fort», explique-t-il. «Cela m'a fortement impressionné».