Les enfants font relâche, mais pas le cinéma. Le 14e Festival international du film pour enfants de Montréal commence aujourd’hui et se déroule jusqu’au 6 mars au Cinéma Beaubien. Les longs métrages de la compétition proviennent cette année de pays comme le Royaume-Uni, l’Argentine, l’Inde, la Belgique et les Pays-Bas.

Tous les sujets, y compris les plus controversés, sont désormais abordés dans le cinéma pour enfants. Nous conseillons aux parents de lire les synopsis avant de choisir les films les mieux adaptés aux leurs. La Presse a vu pour vous huit des douze longs métrages en compétition.

Les crocodiles sont de retour

Le cinéma allemand est à l’honneur cette année au FIFEM, qui s’associe au festival Shlinger pour présenter la crème des œuvres pour enfants. Les crocodiles sont de retour en fait partie. Suite du Club des crocodiles, qui a remporté l’an dernier le prix Place aux familles, il réunit la même bande d’amis, qui vivront encore de trépidantes aventures. L’enjeu: l’usine de la ville annonce sa fermeture, et deux membres du groupe devront déménager parce que leurs parents ont perdu leur emploi. Mais la machinerie fait-elle vraiment défaut, ou quelqu’un a-t-il intérêt à la trafiquer? Avec l’aide d’une cousine pas aussi nunuche qu’elle en a l’air, ils feront preuve d’ingéniosité et de courage pour sauver l’usine et attraper les méchants. Le film est vivant et drôle et, surtout, la loyauté et l’amitié sont le moteur d’une histoire trop belle pour être vraie, mais fort bien menée.
Dès 8 ans
— Josée Lapointe

Le gardien de Liverpool

Jo a 13 ans, est fan de foot, expert en maths et amoureux de Mari, nouvelle de la classe. Grand collectionneur de cartes de joueurs, il veut mettre la main sur celle du gardien de Liverpool, qui lui permettra, croit-il, de se soustraire à l’intimidation dont il est victime. C’est que Jo a le sens du drame et s’imagine toujours le pire: outre le grand naturel de l’interprète principal, ces digressions dans l’imaginaire du jeune garçon font le charme du Gardien de Liverpool, qui vient de remporter à Berlin l’Ours de cristal du meilleur film dans la section jeunesse. Ce film norvégien plutôt rigolo balance au passage quelques vérités sur la nécessité de s’affirmer et d’être fidèle à soi. Il y est question d’amour, d’amitié et d’honnêteté dans ce film aux dialogues très réalistes, dont le ton est en général léger et ludique. Si des moments plus sombres s’intègrent logiquement à l’histoire, quelques passages carrément violents, même s’ils se situent dans le monde imaginaire de Jo, surprennent cependant.
Dès 8 ans
— Josée Lapointe

À pas de loup

Que se passe-t-il dans la tête des enfants? À pas de loup, coproduction franco-belge d’Olivier Ringer, donne un petit aperçu du monde qui les habite. On y suit une petite fille qui, convaincue que ses parents ne la voient pas, décide de disparaître, littéralement, dans la nature. Tout le film suit ainsi, à hauteur d’enfant, ce qu’elle fera pour se débrouiller, comment elle s’enfoncera peu à peu dans la forêt et s’arrangera pour survivre. Surtout, c’est sa voix à elle qu’on entend: aucun dialogue, aucun apport extérieur, seules ses réflexions sont le fil de cette histoire minimaliste, qui serrera sûrement le cœur des parents – surtout lorsqu’elle se nourrit de vers de terre... – mais fera sourire les enfants. Clairement, ils se reconnaissent dans les pensées de cette petite fille, qui fait du coq à l’âne, analyse, dramatise, s’amuse d’un rien, s’attache à un poisson ou arrose ses graines magiques. Un film qui permet de voir combien le monde de l’enfance et celui des parents ne se croisent pas toujours, même s’il est plus une fable qu’un récit réaliste.
Dès 7 ans
— Josée Lapointe

Skellig, l’homme hibou

Tout se déglingue dans la vie de Michael: il vient d’emménager dans une maison en ruine avec ses parents, et la santé de sa nouvelle petite sœur est précaire. Il découvre dans le cabanon derrière chez lui un homme mystérieux et agonisant, et décide de l’apprivoiser et de le sauver. Réalisé pour la télévision britannique, Skellig, l’homme hibou met en vedette le toujours inquiétant Tim Roth, qui campe cette créature qui se nourrit d’insectes et de souris, élément fantastique et magique d’un film au rythme lent sur la fin de l’enfance et la prise de conscience qui en découle. À mesure que Skellig prend du mieux, grâce aux bons soins de Michael et de sa voisine, les choses empirent dans la maison, et le jeune garçon sollicitera l’aide de l’homme hibou pour guérir sa sœur. Plus bizarre que vraiment épeurant, Skellig donnera sûrement des frissons aux plus jeunes. Mais les plus vieux aimeront probablement la fable qui se cache derrière ce film au réalisme social typiquement britannique, bonne manière d’initier les enfants à cette cinématographie.
Dès 7 ans
— Josée Lapointe

Et voici... Lola!

Dans ses rêves les plus fous, Lola Veloso, jolie rouquine aux cheveux bouclés née d’un père d’origine brésilienne et d’une mère allemande, se transforme en Jacky Jones, chanteuse populaire adulée par ses fans. Mais la réalité est tout autre: Lola vient de faire son entrée dans une nouvelle école de Plötze et cherche désespérément à se faire une amie. Entre Flora qui sent le poisson, Annalisa la snob et Frederike qui est trop occupée, le choix n’est pas simple. La solution: envoyer un ballon rouge dans le ciel pour annoncer son souhait le plus cher. Ce cinquième long métrage de la réalisatrice allemande Franziska Buch se révèle tout à fait charmant. On y aborde avec beaucoup de finesse les thématiques de la différence et de la monoparentalité. La jeune Meira Durand, qui chante et danse avec entrain, incarne une fort adorable Lola qu’on voudrait toutes comme meilleure amie.
Dès 6 ans
— Catherine Schlager

L’homme le plus fort

Depuis qu’il est tout petit, Luuk Bos s’est toujours fait raconter par sa maman que son père est l’homme le plus fort des Pays-Bas. À 12 ans, il désire en avoir le cœur net. Alors qu’il assiste à une compétition d’hommes forts, il aperçoit un certain René Doornbos, roux tout comme lui, qui pourrait bien être son paternel. Avec son amie Minke, dont il est amoureux, il mènera l’enquête. Mais ses recherches lui procureront bien des surprises. Le réalisateur hollandais Mark de Cloe nous présente un milieu que l’on connaît peu: celui des concours de force. Mais les compétitions que l’on nous montre sont trop présentes dans le film et ennuient un peu. Heureusement, la quête des origines de Luuk, incarné avec aplomb par le jeune Bas van Prooijen, de même que la naissance de son premier amour sont des sujets suffisamment divertissants pour intéresser les jeunes spectateurs.
Dès 7 ans
— Catherine Schlager

Sam, 12 ans, immortel

Ce deuxième long métrage du Madrilène Gustavo Ron est un film sur la mort bien plus vivant et drôle que bien des films sur la vie. Atteint de leucémie, Sam décide de tourner un journal intime sur vidéo afin de passer à la postérité. Avec humour, il tente de répondre aux questions qui le tracassent, comme est-ce que mourir fait mal? ou comment les gens réagiront-ils lorsque je mourrai? Avec un ami également malade, ils se mettent en tête de réaliser certains rêves tels qu’embrasser une jeune fille et voler en avion. Ce petit bijou de sensibilité et d’intelligence fait beaucoup sourire. Et malgré une fin inévitable, le cinéaste réussit à transcender la douleur avec les dernières paroles de Sam. Vivifiant!
Dès 8 ans
— Mario Cloutier

Le dernier été de la Boyita

Jorgelina passe l’été à la campagne avec son père qui est médecin. Le récit se déroule durant les années 70 dans les hautes plaines argentines, où les gauchos ont fort à faire au ranch familial. Jorgelina y retrouve son petit voisin Mario, garçon d’écurie qu’elle aime beaucoup, mais qui est en réalité... une fille! Aux prises avec un surplus d’hormones masculines et ses premières règles, Mario souffre d’incompréhension de la part de son entourage et, surtout, de son père violent. Ce film touchant souligne habilement la grande ouverture et le courage des enfants dans un monde adulte où règne encore le machisme. La jeune interprète de Jorgelina est particulièrement attachante et, rassurez-vous, le film finit bien.
Dès 10 ans
— Mario Cloutier